Si vous êtes un citadin entre Grenoble et Chambéry, vous cherchez peut-être à vous échapper dans la nature pour une rando en moyenne montagne ? La traversée de la Chartreuse offre une belle randonnée dans un parc naturel régional préservé le temps d’un week-end prolongé et accessible en transport en commun.
- Détails pratiques de cette rando bivouac en montagne
- La randonnée pédestre : la traversée de la Chartreuse
- Résumé de cette traversée de la Chartreuse en 4 jours
- Un détour à la Dent de Crolles, le phare de Grenoble
- Un autre détour : l'ascension du mont Granier
- La réserve naturelle des hauts de Chartreuse
- Randonner dans l’Aulp du Seuil : les règles spécifiques à savoir
- Bilan de cette superbe randonnée en moyenne montagne
Détails pratiques de cette rando bivouac en montagne
- Distance: 85km
- Dénivelé: 4200m
- Durée: 4 journées complètes (incluant le Mont Granier et la Dent de Crolles)
- Difficulté: balisage omniprésent le long du PR et GR9. Passage technique avec échelles et mains à mettre pour le Mont Granier au pas des Barres. Bien gérer l’eau
- Hébergement : bivouac obligatoire (renseignez-vous avant de vous lancer sur les interdictions de bivouac l’été)
- Départ/Arrivée: gare de Grenoble, gare de Chambéry
- Cartographie: IGN 3333OT « Massif de la Charteuse Nord » et 3334OT « Massif de la Chartreuse Sud »
Le parcours suit le sentier de grande randonnée GR9 puis principalement le PR et l’on trouve son chemin en suivant les panneaux. De manière générale, le massif de la Chartreuse est très fréquenté, vous ne serez pas seuls. J’attire également l’attention sur un problème récurrent : l’eau est rare en Chartreuse du fait de la porosité de la roche calcaire qui ne retient pas l’eau. Identifiez-bien les points d’eau et partez chargés : 3 litres minimum. Fin Mai, début Juin est le meilleur moment pour cette traversée. Concernant les passages techniques, elles se limitent à la rigueur du trou du Glaz mais c’est plus le pas des Barres qu’il faut prendre en compte. Ce passage est aérien et je recommande de déposer les sacs en contrebas avant d’envisager de gravir le mont Granier. Étant donné la situation isolée de la réserve naturelle des hauts de Chartreuse, le bivouac reste obligatoire en sachant que les cabanes à de rares exceptions ne sont pas vraiment en état d’utilisation si ce n’est déjà utilisés à votre arrivée.
Cette traversée est un grand classique du sillon alpin car elle permet aux citadins de s’évader en montagne sans voiture. Grenoble et Chambéry, villes de taille moyenne sont tout deux situés de part et d’autres du massif de la Chartreuse. Les sentiers ne sont pas aussi exigeants et techniques que dans les massifs intérieurs alpins, ce qui rend plus accessible cette traversée. Si vous faites des randonnées à la journée en Chartreuse, vous vous en rendrez bien compte !
Voici un résumé du topo : si avec la variante GR965, l’itinéraire démarre depuis Grenoble et les quais de l’Isère, les choses sérieuses commencent tout de suite avec les pentes de la Bastille, terrain d’entraînement de nombreux coureurs à pied et d’amateurs de trail. Le sentier devient estampillé GR9 qu’en direction du Fort Saint-Eynard, là également un monument du paysage grenoblois avec une vue immanquable. Le-Sappey-en Chartreuse est le dernier village traversé dans la partie la plus sauvage de cette traversée, exception faite du col du Coq.
La dent de Crolles, le col de Bellefont et le vallon de Marcieu forment la vraie partie sauvage de ce périple, avec une faune et flore à profusion, au printemps notamment. La dernière partie s’amorce au pas de l’Echelle avec le plateau de l’Alpette, le mont Granier et la traversée des vallons et hameaux d’Entremont le Vieux pour se rendre aux grandes de Joigny, la pointe de la Gorgeat et l’arête du Grand Carroz. Et enfin la descente finale et longue vers Chambéry qui contourne soigneusement la zone du champ de tir du Pas de la Fosse.
La randonnée pédestre : la traversée de la Chartreuse
L’itinéraire ne laisse pas trop de souplesse et reste somme tout classique en suivant les sentier du versant Est du massif, côté Grésivaudan donc. La chaleur est au rendez-vous en cette fin de mois de Mai et vient mettre son grain de sel pour cette traversée de la Chartreuse plutôt sportive. Jugez en plutôt : au programme 85 km de marche pour près de 4200m de dénivelé positif en 4 jours de marche. Je me vois d’avance râler, soupirer et grommeler dans les cols face à mon impuissance à bien tolérer la chaleur tout en m’efforçant d’épargner le pote Matthieu de ce genre de sentences:
il fait trop chaud, j’y vais pas. On rentre
Résumé de cette traversée de la Chartreuse en 4 jours
Le covoitureur nous dépose au pied de la Bastille et la chaleur s’accapare de notre corps directement ce qui ne manque pas d’entamer le moral. Devant nous, ce sont 1700m de dénivelé qui nous attendent avant un bivouac libérateur sur le flanc Est de Chamechaude (2082m), le point culminant de la Chartreuse. Ne me demandez pas le total d’eau englouti, il est astronomique au point qu’un manque nous contraint à puiser dans un petit torrent en pariant sur sa bonne qualité.
En effet, en partant de la vallée, la première journée ne pouvait être qu’une succession de montées parfois raides, heureusement en sous bois la plupart du temps. Heureusement depuis le fort de la Bastille et le fort St Eynard, les différentes vues sur Grenoble, la plaine de Voiron, la vallée du Grésivaudan au pied du massif de Belledonne qui se traverse en 4 jours offrent des belles récompenses.
La seconde et la troisième journée se déroulent dans une nature sauvage hors de la civilisation dans la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse. Le randonneur reste toujours au delà de 1300m avec souvent en vue des villages au loin. La dernière journée se déroule principalement en descente expédiée en une poignée d’heures. L’agencement des étapes s’est faite en fonction des possibilités d’approvisionnement en eau, le problème numéro 1 du randonneur lors de la traversée de la Chartreuse.
Du fait des formations calcaires, l’eau ne reste pas en surface et a tendance à s’écouler. Y venir fin Mai est une bonne période tandis que je prédis des difficultés à ceux qui tenteraient l’expérience en Septembre après l’été. Il est judicieux de repérer sur les cartes topographiques les emplacements de citernes, fontaines et sources et même de demander aux autres randonneurs.
Un détour à la Dent de Crolles, le phare de Grenoble
Le parcours passe à proximité de prestigieux sommets du parc naturel régional de la Chartreuse, comme la Dent de Crolles (2062m), sommet vénéré des grenoblois pour sa situation privilégiée face au soleil levant. Il est également plus impressionnant depuis la vallée du Grésivaudan avec ses falaises plongeant de 1800 mètres de manière verticale pour lui conférer sa forme si particulière de dent, je dirais même de molaire.
Elle s’assoit sur un espèce de plateau et il arrive régulièrement que des bouquetins et chamois se promènent comme j’en ai été témoin. Depuis le parking du col du Coq, une ancienne station de ski, dorénavant démontée, deux accès sont possibles : par le trou du Glaz, plus long et nécessitant de passer entre des failles calcaires.
Spectaculaires et équipées, elle ne revêtent pas de difficultés techniques, tout juste si votre sac à dos est trop gros, il faudra ruser pour le faire passer à travers certains blocs rocheux. L’autre moyen d’accéder à la partie sommitale est de passer par le pas de l’Oeille plus aérien et raide.
A chacun sa préférence.
Un autre détour : l’ascension du mont Granier
Nous avons gravi un autre sommet emblématique du massif de le Chartreuse, tout du moins dans sa partie Nord, j’ai nommé le Mont Granier à 1933m. Si vous avez un jour l’occasion, je vous encourage d’enjamber votre vélo muni d’un porte bagage pour effectuer le tour de la Chartreuse à vélo. Cet itinéraire procure l’occasion d’admirer la partie la plus spectaculaire du mont Granier : sa face Nord présentant une falaise haute de 900 mètres et apparu suite à une série d’éboulements en 1248 et ayant façonné le paysage de la vallée.
Géologiquement la zone autour du monolithe reste encore bien fragile, des éboulements récents ayant encore apporté leur contribution quant à la mythologie de ce que je pourrais appeler la boussole des chambériens. S’il existe plusieurs manières d’aborder la randonnée au sommet, nous retenons la principale, celle depuis le pas des Barres non loin de la porte de l’Alpette d’un côté et du col de l’Alpette de l’autre côté du superbe plateau éponyme, refuge d’animaux sauvages et terres d’alpages en été. En revanche, l’ascension depuis le pas de la Porte reste interdite à ce jour.
Le pas des Barres invite à la vigilance, un long passage technique invite à mettre les mains et à choisir soigneusement ses prises au sol. Certains pas sont même vertigineux et je conseille d’être équipé d’un sac léger pour cette ascension. Sur le plateau, il toute une longue barrière rocheuse parmi de nombreux lapiaz avant d’accéder au sommet. Il est possible de rejoindre la Plagne, hameaux d’Entremont le Vieux, par un passage direct, raide et exposé depuis la Balme à Colon.
La réserve naturelle des hauts de Chartreuse
Malgré que les panoramas aient été quelque peu bouchés sur ces deux sommets prestigieux, ce sont surtout les plateaux qui retiennent mon attention. Premièrement le vallon de Marcieu avec d’un côté les crêtes des Lances de Malissard et l’Aulp du Seuil pour vous maintenir dans un vrai espace sauvage. Deuxièmement, le plateau de l’Alpette, entre sommet du Pinet, mont Granier et Croix de l’Alpe, un vaste plateau d’alpage est un régal de marche donnant un semblant de grand espace désertique.
A l’embouchure de l’alpette des Dames dominant le cirque de Saint-Même, si vous arrivez tôt au pré de Pratcel, empruntez plutôt le magnifique vallon de Pratcel pour vous rendre à la Croix de l’Alpe. Vous aurez l’occasion d’admirer le massif de Belledonne, le parc naturel régional des Bauges et même le mont Blanc. Si vous prolongez l’exploration jusqu’à la crête dominant des falaises, vous pourriez avoir la chance d’observer des bouquetins et chamois.
Mais de sauvage, ce mot a moins de sens lorsque durant un WE de grand pont, nombreux sont les randonneurs ayant eu la même idée de la quête du retour à la nature, en plus de fuir la chaleur. Cela fait déjà quelques années que j’ai abandonné de trouver des endroits en France ou il soit possible de marcher sans rencontrer grand monde.
Randonner dans l’Aulp du Seuil : les règles spécifiques à savoir
Attention à ce secteur particulier que je viens d’évoquer et qui fait partie de la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse. À l’automne 2023, le propriétaire de la forêt domaniale de l’Aulp du Seuil a décidé de faire valoir ses droits. Conformément à la loi du 2 février 2023, qui vise à limiter l’engrillagement des espaces naturels, les accès piétons sont désormais restreints. Malheureusement, il est nécessaire d’en parler.
Les sentiers encore autorisés, selon la Fédération Française de Randonnée en Isère, sont limités à :
- La grande randonnée de pays (GRP) Tour de Chartreuse, qui passe entre le col de Bellefont et l’Alpette des Dames.
- Le passage de l’Aulp du Seuil et la connexion avec le GRP via le vallon de Marcieu.
Et c’est tout. Ces informations sont susceptibles de changer. Les ascensions vers les Lances de Malissard, le Dôme de Bellefont, la célèbre arche naturelle de la tour Percée et la tour Isabelle sont interdites. Si vous essayez d’y accéder, vous risquez de rencontrer des chasseurs peu disposés à dialoguer.
Information importante sur la traversée du vallon de Marcieu
Le topo de la traversée de la Chartreuse que je propose traverse la zone de l’Aulp du Seuil entre le col de Bellefont donc et l’Alpette des Dames. Je conseille vivement de rester sur les sentiers sur ce qui compose une des plus belles sections sauvages de cette randonnée pédestre.
Bilan de cette superbe randonnée en moyenne montagne
Comprenez ce que vous voulez mais en tout cas nos jambes eux l’ont bien senti ! En résumé, marcher en Chartreuse ne ressemble en rien aux randonnées bien plus alpines et plus faciles mais plus hautes. L’alternative serait de faire une randonnée bivouac de 2 jours en Chartreuse dans le secteur de la Grande Sure, plus abordable.
4 jours ont été nécessaires à cette traversée de la Chartreuse, qui malgré sa faible altitude n’est pas des plus aisés à marcher. En sous-bois, ce sont souvent des blocs de pierre calcaires ou des racines d’arbres qui gênent le passage et il faut toujours regarder ou poser les pieds. En zone de plateau montagneux, les lapiaz sont nombreux et obligent à la vigilance. Quand aux montées et descentes, tantôt courtes et nerveuses ou longues et épuisantes elle ne nous laissent pas de marbre avec cette impression de monter pour arriver en vallée et de descendre pour arriver au sommet.
Pour finir j’insiste sur quelques notions avant de partir :
- Repérez les sources d’eau potable et envisagez de porter au moins 3 litres sur vous. Vous en trouverez difficilement en plein été. Envisagez plutôt la rando au printemps ou alors de redescendre en vallée.
- Répertoriez les zones de bivouac possibles toujours en accord avec le propriétaire sur zone privée et en respect de la nature. Face à l’affluence croissante, pour tout bivouac en Chartreuse, une règlementation s’applique que tous les randonneurs se doivent de prendre connaissance. En juillet et en août, le bivouac dans les Hauts de Chartreuse s’avère interdit.
- Sans tente, oubliez la rando tout simplement, aucune cabane ou refuge non gardé ne pourra vous accueillir.
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tu peux prendre une voiture comme tout le monde pour rentrer chez toi … il faut que tu te démarques !! 🙂
Sérieusement, well done !! Je suis admirative ; rien que l’idée de 4700 m de dénivelé m’épuise :p
Elle était en panne ma voiture, j’y peux rien, on a pas eu le choix que de traverser des superbes paysages et de passer un bon moment entre potes !
J’avoue que d’ordinaire je ne calcule pas les dénivelés mais là on les a bien senti passer alors j’ai voulu savoir 😀
Merci de ton passage ici !
Le trekking nous donne plein d’émotions et de découverte ainsi que la rencontre. Cepandant, il n’est pas réservé à tout le monde. Voilà, chaque médaille a son revers.