Le pic du Canigou est la fierté des catalans et effectuer l’ascension est comme un rite initiatique pour les locaux. De passage dans le secteur, j’ai souhaité entreprendre cette randonnée de 2 jours au pic du Canigou depuis Vernet les Bains avec un bivouac au refuge des Cortalets.
Détails pratiques
- Distance: 24km
- Dénivelé: 2100m
- Durée: 2 journées avec une nuit en bivouac (5h30 pour monter au refuge des Cortalets, 7h pour l’ascension et le retour à Vernet les Bains)
- Difficulté: aucune, excepté la cheminée depuis la crête Barbet, non exposée, qui nécessite de savoir mettre les mains
- Départ/Arrivée: Vernet les Bains, au cimetière précisément. La gare ferroviaire de Villefranche de Conflent est à 6km, un jet d’autostop vous emmène sur place.
- Cartographie: IGN 2349ET « Massif du Canigou »
L’ascension en une seule journée de rando est possible mais elle demande au moins 10 heures de marche et une très bonne condition physique. Pour une meilleure expérience de la montagne et éventuellement pour profiter d’un magnifique lever de soleil, il est préférable de planifier l’itinéraire sur 2 jours. En bonne partie, les routes carrossables composent le trajet mais sachez qu’elles sont interdites de circulation, même pour les accompagnateurs et guides de montagne, afin d’éviter de contribuer encore plus à la saturation du site.
Nombre sentiers permettent d’approcher le belvédère sur la Catalogne, voici les principaux qui se détachent :
- depuis Vernet les Bains (700m) comme j’ai fait par le refuge des Cortalets
- depuis le col des Milleres (843m) par le chemin forestier de Balaig par le refuge des Cortalets
- depuis le col de Jou (1125m) par le refuge de Mariailles
- un autre itinéraire faisant une approche du célèbre abbaye de Saint Martin du Canigou par le refuge de Mariailles
Sur ma route, un passage requiert mon attention. Pour parvenir au sommet, se dresse une cheminée constituant en une escalade sur une vingtaine de mètres de hauteur sur des prises larges et ne demandant pas de techniques particulières. A aucun moment, l’escalade est aérienne ou exposée. Même des personnes ayant le vertige peuvent tout à fait effectuer l’ascension de la cette cheminée qui se termine réellement au sommet avec d’abord la croix sommitale en vue. Il vaut mieux affronter cette escalade en montée plutôt qu’à la descente, c’est à prévoir pour votre itinéraire si vous le faites en aller-retour. La seule solution de contournement est de prendre l’ascension directe depuis le refuge des Cortalets par le pic Joffre en délaissant à droite le sentier de grande randonnée GR10 qui traverse intégralement la chaîne des Pyrénées.
Quoiqu’il en soit, tout cheminement par le refuge de Mariailles vous obligera à grimper cette cheminée.
Mais pourquoi tant d’attirance pour ce sommet ?
En principe lors de belles journées et si l’on y vient tôt, on peut voir la mer Méditerranée jusqu’au golfe du Lion. Le sommet fait même l’objet d’une ascension organisée pour la fête de la Saint Jean, de courses de trail et une variante de la Haute Route des Pyrénées y fait même le détour. Enfin, je me souviens, gamin, du haut de mes 10 ans, d’être venu dans le coin avec ma famille pour approcher l’abbaye de Saint Martin du Canigou.
Le pic du Canigou : plusieurs voies d’accès pour cette randonnée de 2 jours
Mon parcours démarre à une altitude d’environ 700 mètres avec un dénivelé positif de 2100m. Seuls les plus sportifs peuvent faire l’aller retour en une journée, c’est assez naturellement que je découpe l’ascension en deux petites journées de marche. L’itinéraire choisi me fait passer du côté du coll de Juell, la Mort de l’Homme, le col de Voltes. Ce choix me permet d’échapper aux pistes forestières du sentier de Ballaig, autrement plus fréquenté. Ce dernier porte une dimension historique avec son passé lié aux activités minières ayant façonné le paysage du massif du Canigou. Globalement, je sens l’impact de l’exploitation minière, les forêts sèches de pins sont domestiqués. La faune et flore sauvage semblent bien pauvres.
Le refuge de Cortalets sonne le terme de ma première journée et je plante la tente sur un des très nombreux emplacements disponibles. Le nombre d’emplacements pour les tentes est considérables, certains même offrent des foyers de feux sécurisés.
Ascension du Canigou par la crête Barbet
En Hiver, la partie hivernale du refuge est toujours accessible pour une ascension du pic du Canigou sous la neige, mais demandant bien une expertise. A proximité, n’hésitez pas à faire un tour à l’étang des Cortalets Au matin, le réveil est plus que tardif: le soleil effleure à peine ma tente avec ce ton orangé que je me presse de ranger le tout. Je dois me presser pour partir au plus tôt et éviter l’accumulation de nuages au sommet, les autres randonneurs déjà au départ l’ont bien compris. La suite de l’ascension suit un cheminement logique par la crête du Barbet où le vent me rappelle bien la position isolée du massif. Je suis censé voir la mer Méditerranée mais le ciel voilé et les nuages charriés par le vent empêchent toute appréciation.
Toutefois, ce tour est très long, il vaut mieux l’envisager sur 3 jours de randonnée pour répartir les efforts sachant qu’il y a assez de refuges pour vous abriter. Revenons à cette cheminée. C’est le seul point d’attention de l’ascension, dans mon cas, je considère la longue descente avec un dénivelé négatif de 2100 mètres l’est tout autant. Autant d’instants de vigilance surtout quand on est pressé d’arriver comme je l’étais. Les blocs de la cheminée offrent tous des prises solides, et jamais, mais jamais, le randonneur n’est exposé au vide sur ses pentes. Nous ne sommes pas encore en haute-montagne. Tout au plus, la difficulté est plus d’ordre physique de se hisser en permanence avec un portage sur le dos, cette cheminée est tout de même assez longue. Sans prévenir, le sommet apparaît tout d’un coup devant les yeux.
Malgré un beau temps apparent, le vent charrie des nuages masquant la vue sur la mer Méditerranée depuis le pic du Canigou. A entendre les catalans ayant l’habitude de fréquenter le sommet, ce phénomène est habituel. Le vent n’est pas dangereux pour la stabilité du haut du sommet, mais vu sa position excentrée des Pyrénées et sa proximité avec le golfe du Lyon, le vent est un facteur important à prendre en compte avant toute ascension.
Je pense que pour maximiser les chances d’apercevoir la mer méridionale, il faut se lever aux aurores, voire même pendant la nuit et assister au lever du soleil avant l’arrivée du vent. Toutefois, si je me dresse vers l’Ouest, je distingue les sommets du Capcir et la Cerdagne avec le pic Carlit en guise de point culminant. Sur un autre versant, la sauvage réserve naturelle de Py, la réserve naturelle de Mantet et les gorges de Carança tous des espaces sauvages, me font des appels du pied, peut-être pour une future randonnée pédestre en autonomie
Retour à Vernet les Bains par Bonnes Aigues
A partir de là, le maquis m’accompagne dans la descente au plus direct. La Portella de Dalt est le principal point d’indication pour la descente exténuante à force, près de 5 heures à être secoué par les roches et pierres. D’autant que j’ai oublié mes bâtons de marche à la maison.
C’est donc soulagé que j’arrive à la voiture tout en faisant le calcul sur l’empreinte écologique réduite grâce à ce départ au pied !
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Merci pour cet article bien documenté qui suscite l’envie de faire l’ascension.
Merci de votre passage !
C’est une belle ascension vous verrez !
Bonjour et merci pour ce partage.
J’envisage de prendre votre itinéraire avec ma femme pour notre première rando-bivouac.
Parfait, bonne première découverte !