En quête d’un itinéraire cyclable qui sort des voies vertes communes ? Avec le tour du Massif central, soyez prêts à enchaîner les cols sur route et des paysages somptueux au travers de l’Auvergne : Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Lozère, Aveyron et Cantal.


Au départ de Clermont-Ferrand cette boucle cyclo vous emmène au cœur d’une France rurale de moyenne montagne au travers des gorges du Val d’Allier, la Margeride, l’Aubrac, les monts du Cantal et le plateau du Cézallier.

Si les routes ne présentent pas des pentes difficiles, le dénivelé positif total de ce voyage à vélo ressemble fortement à ce que l’on peut trouver dans les Alpes. Prêts à en découdre ?

Détails pratiques du tour du Massif central à vélo

  • Distance : 465 kilomètres
  • Dénivelé : 6500 mètres de dénivelé positif
  • Durée: 7 jours + 1/2 journée.
  • Hébergement: Bivouac et camping (Sainte-Urcize : accueil royal même sans réservation), Condat (sanitaires neufs), Saint Nectaire (plus industriel mais fait le taf, tentes à l’écart)
  • Difficultés: le dénivelé est réparti sur 5 jours. Les ascensions sont longues mais faiblement pentues et les montées roulantes sur des routes parfois très passantes. Attention, bien prévoir l’autonomie alimentaire, certains passages sont vraiment désertiques, sans magasin, ni bar, ni restaurant.
  • Accès: possible en train à la gare ferroviaire de Clermont-Ferrand

Pour confectionner ce parcours, il nous fallait impérativement limiter le dénivelé à environ 900m par jour. Par conséquent, le trajet porte sur 8 jours mais l’essentiel du dénivelé se concentre sur 5 jours. Une autre alternative possible par le lac d’Aydat se réalise depuis le lac Pavin et passant par la chaîne des Puys. L’itinéraire cyclable est parfaitement adapté pour une logique de voyage écologique par le train.

Pour les gourmands que nous sommes, découvrir l’Auvergne sans manger quelques spécialités culinaires aurait été une injure. Nous ne pouvions pas passer à côté d’un aligot, emblème de l’Aubrac, qui est devenu un objectif majeur, mieux, une récompense. Bien que les régions traversées à bicyclette sont peu pourvues en restaurant, l’objectif n’était pas trop ambitieux pour autant. J’étais déjà passé dans un des pays historiques de cette région montagneuse et centrale de la France, en Margeride et dans l’Aubrac lors d’une traversée de France à vélo. Les paysages traversés m’avaient enchanté et y revenir me semblait naturel.

Le récit de notre tour du Massif Central à vélo qui suit est décomposé en plusieurs sections, chacune représentant une région naturelle traversée.

Pour d’autres aventures à vélo dans le Massif Central, vous pouvez regarder du côté des pistes cyclables suivantes :

Où faire du vélo dans le Massif central ?

Le Val d’Allier sur la véloroute v41 entre Clermont-Ferrand et Chanteuges

À peine après avoir quitté la voiture, la longue série de problèmes mécaniques continue de s’accumuler sur le vélo de Margaux. Le pédalier doit être changé dans un Intersport heureusement à proximité. L’équipe de mécaniciens, efficace, s’occupe de la réparation en une demie-heure. Nous reprenons les coups de pédale dans les interminables faubourgs de la zone commerciale avec son lot de feux rouges et d’automobilistes peu coopératifs avec les cyclistes. Sitôt le pique nique passé, le Val d’Allier se présente enfin, sans le savoir nous somme sur les traces de la Via Allier une véloroute de 455 kilomètres le long de l’Allier réputée pour le canoë kayak et le rafting dans les gorges.

Très rapidement le monde rural se révèle et le souffle se fait plus paisible le long des champs remplis de bottes de foin. Nous trouvons un joli sport de bivouac au bord de l’Allier. Le cours d’eau permet de se laver à moindres frais pour être au propre et … parmi les moustiques. Toutefois voyant le ciel se couvrir, l’inquiétude s’empare de moi: comment allons-nous rouler demain ? En effet, nous rejoignons la sous-préfecture de la Haute-Loire Brioude sous une pluie battante jusqu’à inonder les routes. À l’abri et inactifs, nos corps s’imprègnent de l’humidité ambiante, manger et boire un café ne suffisent pas à garder la chaleur. Deux heures plus tard, c’est assis dans une boulangerie que l’accalmie annoncée par des sites météo arrive.

Nous reprenons la route vers Lavoûte-Chilhac au travers d’un paysage plus vallonné et franchement agréable. Les villages perchés au bord de la rivière s’enchaînent et nous décidons de planter la tente près de Langeac, à l’abri des regards. Cette fois-ci, un homme âgé nous aiguille vers un spot de bivouac:

Mettez-vous là, c’est un passage pour le paysan, ce soir ça ne gênera personne

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La Margeride et le pays du Gévaudan par les cols cyclables

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Saint-Arçons-d’Allier marque l’entrée dans la région historique de la Margeride. Pour rejoindre Saugues, haut lieu du Gévaudan, une longue montée de 500m de dénivelé s’escalade sur une route au bon revêtement. Cette région connue pour sa bête, un canidé ayant (aurait ?) causé nombre de morts au XVIIIème siècle suscite encore des fantasmes. Plus que le désert humain sciemment recherché, la fraîcheur du jour déboussole, sommes-nous vraiment en été ?

Le col de la Croix du Fau marque le point culminant de la journée à 1268m d’altitude et les routes départementales finissent par céder leur place aux petites routes agricoles. Peu fréquentées et restant essentiellement en balcon, elles s’avèrent agréables et ouvrent à de grands espaces. La visibilité est maximale en dépit de nuages présents. De temps à autre, quelques sections forestières apportent un peu de variété et viennent valider le choix de pneus de section 37mm au minimum. À 1200m, le village de Sainte Eulalie, 50 habitants, offre un espace pour camper et une fontaine.

J’admire tous ces gens qui continuent d’habiter dans ces endroits reculés, semblent-ils protégés du tumulte du monde moderne. Habiter ici est peut-être même un remède pour la santé mentale. C’est flagrant, l’agriculture façonne la vie d’un territoire. Sans ces paysans, qui vivrait encore ici ? Que deviendraient ces terres abandonnées ? tour du massif central à vélo margeride

L’Aubrac, sur les terres du chemin de Saint-Jacques : Nasbinals, Laguiole

Si la Margeride nous a envoûté, que dire de l’Aubrac ? Haut plateau à plus de 1000m d’altitude au climat légendaire, l’Aubrac est une terre rude et volcanique. La région est connue pour sa viande de boeuf, pour le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle et ses paysages désolés. Le plateau, un désert humain digne de la Mongolie, semble être un échappatoire rêvé d’une vie trop citadine, une alternative au je vais aller élever des chèvres au Larzac avec une densité d’environ 10 hab/km².

Dans la continuité de la Margeride, nous roulons toujours sur ces routes d’agriculteurs peu fréquentées, dépassant de temps en temps des burons à l’abandon. Quelques curiosités géologiques se manifestent comme un suc volcanique et des chaos granitiques plantés dans le sol. L’approche de Nasbinals, capitale et haut lieu touristique de l’Aubrac nous refroidit. Au fil des kilomètres, le nombre de touristes grandit à vue d’oeil. Il suffit d’observer les voitures frôlant nos vélos lors de dépassements ou qui s’arrêtent en double file. L’arrivée tumultueuse à Nasbinals ne fait que confirmer notre ressenti, malgré l’intérêt pour le village, notre halte ne se fera pas ici ce soir. L’Aubrac, semble t-il est victime de son succès.

Nous poussons encore les vélos pour une dizaine de kilomètres avant de trouver une petite place dans un sympathique camping à Sainte-Urcize, petite cité de caractère du Cantal. Il faut savoir que le vaste territoire de l’Aubrac se partage entre Lozère, Aveyron et un petit bout du Cantal. Nous avons atteint le point de retour, ce point ou la tête se tourne plus vers le Nord que le Sud. Après avoir sillonné un bout de l’Aveyron jusqu’au pont de Tréboule enjambant la Truyère, le Cantal fait son entrée.

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Les Monts du Cantal : ascension du col de Prat de Bouc, Murat

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Revenus à 650m d’altitude au pont de la Tréboule au dessus de la Truyère, il nous faut remonter vers Pierrefort, une ancienne ville fortifiée. Le bivouac aux alentours est tentant, mais les pentes et les terres privées compliquent la démarche. La recherche d’un terrain plat trouve son salut en une clairière sur un sentier de randonnée local. Si la discussion avec la propriétaire voisine méfiante est tendue, elle finit par admettre l’évidence:

Si cet emplacement ne vous appartient pas, il est à la commune. Donc on peut s’installer !

Un coup d’œil au topo du lendemain invite à un réveil très matinal. Nous avons troqué les problèmes mécaniques contre le retour de la chaleur. Elle a tendance à nous écraser sur les guidons, boire est plus que jamais vital. L’ascension vers le Prat de Bouc sonne comme le paroxysme de notre voyage. 18 km de faux plat sont nécessaires pour atteindre les 1396m du col du Prat de Bouc, son étymologie signifierait pré boisé. Les volcaniques Monts du Cantal prennent ici tout leur sens, déboisés, ils éblouissent de leur verdure.

Le col propose un accès au domaine skiable du Lioran, la présence d’un bar est enfin l’occasion de prendre une pause, une boisson sucrée et une coupe de glaces ne sont pas de refus. La descente vers Murat est un délice de rafraîchissement à moindre coût. En revanche, la situation de la ville, très encaissée, nous oblige à remonter la vieille ville à pied sur de forts pourcentages. L’épreuve, consistant à tracter 30 kg, est même éprouvante avec la chaleur jaillissant du bitume. Le pique-nique improvisé sur un terrain communal est vertigineux.

Désormais, il nous faut guetter la moindre goutte d’eau, les côtes jamais longues se succèdent pour nous donner encore plus soif. À présent, nous faisons route vers le Cézallier, un autre haut plateau, moins connu que l’Aubrac mais tout aussi envoûtant. Chaque village traversée est une incitation à chercher l’ombre d’un bâtiment pour s’imprégner encore une fois de ces lieux volcaniques. tour du massif central à vélo maison pierre volcanique

Cézallier, paradis du cycliste

De toutes les régions traversées, une chose est à mettre en commun: la pierre volcanique noire façonne l’architecture des villages. Souvent en ordre resserré pour mieux se serrer les coudes lors des hivers rigoureux, les habitations se devinent souvent au loin, perchés depuis un promontoire. Une côte, jamais bien placée évidemment, précède l’arrivée à ces villages. Le franchissement de l’Allanche ouvre les portes du Cézallier, les similitudes ne cessent de s’allonger avec les jours précédents. Pourtant, on sent une nette différence. Plus qu’ailleurs, la notion de pleine nature prend tout son sens.

Lors d’un interminable faux plat montant vers Marcenat, sous une fournaise en l’absence d’ombre, Margaux exprime un ras le bol. Les paysages semblent immobiles, immuables alors que les voitures roulent à pleine vitesse sur ces longues lignes droites. Les vaches de race Salers et Aubrac sont les reines de ces alpages offerts par la géographie du Cézallier, un (énième) plateau volcanique (encore) ponctué de collines et beaucoup lui donnent le qualificatif, non démérité de… Mongolie.

Cette fatigue passagère vaudra la descente à Condat et les retrouvailles avec la forêt. Pour reprendre la marche vers le lac Pavin, point d’orgue de notre voyage à vélo sur le tour du Massif Central, nous remontons sur le plateau du Cézallier par la seule véritable pente du séjour sur deux kilomètres, un bon 7 à 8%. On a beau être aux heures matinales, les effets de la chaleur se ressentent déjà. Les photos n’ont plus la même lumière pure qu’au début du séjour. Rouler dans le Cézallier est un véritable plaisir, les collines successives laissent toujours apparaître de nouvelles nuances. L’ombre d’un arbre à Espinchal est un bon prétexte pour prendre une pause, ici tout semble s’arrêter. Un gars du cru vient aux nouvelles et propose de l’eau, son regard en disant long sur l’arrivée de motards.

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Retour à Clermont-Ferrand et fin de cette boucle vélo en Auvergne

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La montée au Lac Pavin offre de nouveau des pistes forestières et des sentiers que les amateurs de gravel ne rechigneront pas. Si nous devons pousser les vélos de temps en temps, nous apprécions énormément ce changement de rythme à l’écart des voitures. Au lac Montceneyre, d’un calme limpide, nous faisons figure d’ovnis avec nos sacoches parmi les VTT VAE surdimensionnés.

Le Lac Pavin est une attraction touristique majeure de l’Auvergne avec une fréquentation qui va de pair. En effet, formé sur un ancien cratère volcanique, il constitue une curiosité géologique, près de 200 000 personnes par an le visitent sous la bienveillance du Puy de Sancy. Besse, marque le retour à une réalité prosaïque un peu brutale. Nous devons jongler entre les voitures et les gaz d’échappement pour un passage pas prévu au programme. Nous venons de décider de couper au plus simple vers Clermont-Ferrand au lieu de nous rendre vers la chaîne des Puys en contournant le Puy de Sancy.

Un ami nous attend et Margaux enchaîne sur un autre projet la semaine prochaine. Le tracé initial demande plus de dénivelé que le retour direct et au bout d’une semaine de voyage, un peu de repos ne ferait pas de mal. Je maintiens que pour un long voyage à vélo, une semaine de vélo = un jour de repos. La descente vers Saint-Nectaire est rapide, un orage menace de nous tomber dessus et c’est la danse des arbres qui va jusqu’à me faire peur. Nous échappons de peu à la pluie, son arrivée coïncide avec le montage de la tente au camping. Le retour vers Clermont-Ferrand, la capitale auvergnate, se veut rapide, avec notamment près de 40 bornes bouclés en même pas deux heures. L’acclimatation au trafic routier se fait violemment. Plusieurs voitures manquent de nous percuter de face en roulant sur notre file pour doubler. L’émotion est vite épongée, heureux d’être de retour à la voiture. tour du massif central à vélo vallee

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Et notre objectif de cet itinéraire cyclo dans le Massif central : l’aligot ?

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Au début de cet article, j’avais mentionné que le but inavoué de notre tour du Massif Central à vélo était de manger un aligot. Bien qu’il n’était pas prioritaire, il constituait une partie ludique, l’Auvergne regorge de terroirs gastronomiques. Nous avons eu l’occasion de déguster un aligot dans l’Aubrac à Sainte-Urcize. Ce plat est une alternative à la truffade, cette dernière sera plus facile à réaliser chez soi: purée de pommes de terre, de crème fraîche, de beurre, d’ail et de tome fraîche. Cela ressemble à d’autres plats typiques des régions montagneuses, elles aussi basées sur des ingrédients similaires. Notre campement à Sainte-Urcize était pour une fois près d’un village. Seul hic: 100m de dénivelé. La chance nous accompagne toutefois puisqu’au camping, il nous est proposé la livraison de repas au choix: l’aligot tombe à pic. Il a été servi dans des emballages jetables avec une saucisse. L’aligot est le seul extra que nous nous sommes offerts durant ce voyage, de toute façon, il n’y a que peu d’autres possibilités: Nasbinals, Langeac, Laguiole, Murat, Condat et c’est a peu près tout.

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