Rendus à Mostar connu pour son tourisme, avec cet article le voyage amorce un tournant.
Exit le tourisme occidental, toujours accompagné de ma famille et motorisé, nous remontons au Nord pour amorcer petit à petit un autre voyage: celui d’un autre temps, d’une Histoire à digérer et celui vers l’Orient.
Au programme: Mostar et son vieux pont rendu célèbre par la guerre, ainsi que quelques villages valant le détour: Blagaj et Počitelj.
Sur la route de la Bosnie-Herzégovine
Depuis la côte croate, arriver en Bosnie n’est pas une mince affaire. Après l’autoroute en Croatie vers l’est, la route nous mène au Nord. Elle devient subitement plus étroite, en moins bon état et serpente dans tous les sens.
Seulement, c’est magnifique, sauvage comme tout. Le beau temps doit beaucoup y jouer. Encore une fois, des plaines se succèdent aux montagnes au loin:
Les nombreux villages croates, le long de la frontière bosnienne se succèdent, dont certains, perchés offrent des vues tout bonnement incroyables sur la vallée de la Neretva, partiellement inondée d’eau, histoire de rajouter quelques épices aux couleurs vivifiantes.
Le passage à la frontière et toutes les formalités administratives sont nouvelles: je découvre l’attente longue sous une chaleur écrasante, qu’un fonctionnaire veuille bien tamponner mon passeport. Après près de 30 minutes d’attente, nous découvrons la Bosnie qui ne change guère au premier abord de la Croatie que nous venons de quitter.
Počitelj
Cependant, l’arrivée à Počitelj souligne bien qu’il ne suffit pas de regarder à travers la fenêtre. Le village a su conservé son architecture ancienne autour d’une citadelle façonnée pendant la domination Ottomane:
Le village est aussi l’occasion de découvrir la première mosquée du voyage:
La mise en valeur de ces édifices religieux est similaire à celle apportée aux églises, qu’on a plutôt l’habitude de voir. Les maisons sont étagées et se succèdent jusqu’à la citadelle.
De là, une vue spectaculaire est donnée sur la vallée de la Neretva, rivière dont la couleur de l’eau est indescriptible: quelque chose de vert émeraude. Le paysage est plus aride et ces impressions seront confirmées en continuant la remontée vers Mostar.
Mostar
L’arrivée à Mostar ainsi que la traversée de précédents villages est édifiante et nous met face à un spectacle poignant: de nombreuses maisons abandonnées, détruites, inachevées se succèdent à celles neuves. Tout comme les nombreux cimetières, aux tombes blanches, dont les yeux ne peuvent manquer de les apercevoir au fond d’une route.
Le tout forme un mélange sans aucune forme de tri. Les résidus de la guerre sont là et font partie du paysage. La vieille ville de Mostar change un peu la donne. Bien entendu, le vieux pont est l’attraction phare de la visite:
Détruit durant la guerre, il fut reconstruit à l’identique en 2004 et est maintenant classé à l’UNESCO. Il avait auparavant résisté à tous les conflits depuis sa construction originelle en 1565.
En levant la tête vers les hauteurs, une croix certainement en souvenir de la guerre est identifiable.
Plusieurs mosquées composent la ville de Mostar, dont celle ci très bien ornée:
Mostar, ce n’est pas seulement la vieille ville, pour laquelle de nombreux touristes se chargent de visiter, sortir des endroits classiques et vagabonder au hasard dans la ville pour « capter » l’ambiance fait aussi partie de ce que j’aime faire. L’impression visuelle des résidus de la guerre se confirme, même si des traces de modernité sont présentes, par exemple, un centre commercial:
Blagaj
Petit village situé à une dizaine de kilomètres de Mostar, Blagaj est un excellent point d’immersion pour une première nuit en Bosnie. En effet, le village est particulièrement tranquille. De nombreuses terrasses de cafés remplissent le village et sont très occupés ainsi que les magasins sortent leurs étalages de fruits et légumes:
En faite, l’attraction phare de Blagaj réside dans la Tekija Blagaj, la maison des derviches au pied d’une très grande falaise et à la source d’une rivière:
Malheureusement, la visite ne fut pas possible pour cause de travaux !
Ailleurs en Bosnie-Herzégovine
Si Mostar rassemble pas mal les touristes de passage dans la région, ils viennent souvent à Mostar pour une journée ou deux depuis la Croatie située non loin. Je vous invite à vous balader également à Sarajevo, capitale de la Bosnie. Si vous aimez les montagnes, allez faire un tour dans le massif de Bjelašnica pour un bon d’air pur et frais. Tout aussi paisible, la campagne bosnienne avec Travnik, Jajce et non dénuée d’intérêt.
Quelques réflexions
- Deux « communautés » vivent à Mostar: les croates « catholiques » et les bosniaques « musulmans ». Une discussion avec un guide touristique (qui ne m’a rien vendu) m’a appris que des tensions subsistaient entre les deux communautés. Tout n’est pas rose. Par contre, selon ses dires, à Blagaj c’est nettement mieux.
- Ce même guide touristique me filera plein d’infos pour la suite du périple: le nom d’un hôtel à Travnik, son accès, et ce qu’il y à voir ! Vous êtes à l’arrache, demandez !
- Lors de notre balade dans la vieille ville de Mostar, les traces de la guerre étaient toutefois bien visibles et on ne peut y échapper. Parmi des immeubles entièrement restaurés et au pied desquels se dressent de nombreux magasins que les très nombreux touristes se chargent bien de visiter, se dressent d’autres immeubles complètement détruits et pour lesquels la nature a repris ses droits. C’est parfois dur à voir.
- Excellent accueil pour les quelques contacts que nous avons eu, et particulièrement au camping Mali Wimbledon de Blagaj.
- Le fuseau horaire étant le même qu’en France, le soleil se lève très tôt pour aussi se coucher tôt. Etre debout à 6h30 et avoir l’impression qu’il est 8 heures est une étrange sensation. Et pareil le soir !
Tu avais une famille d’accueil là-bas? Ca a l’air vraiment très intéressant comme pays! Ils ont des grands centres commerciaux là-bas aussi…en Roumanie ça se développait aussi beaucoup: les étrangers y achètent et les locaux regardent avec envie. C’est pareil là-bas j’imagine…
En faite, je parle de « ma famille » qui m’a accompagné quelques temps durant le périple !
Une famille d’accueil aurait été top, c’est sur, mais en allant dans les différentes guesthouses, ou « sobe », c’est un excellent moyen de rencontre pour peu que les hotes parlent pas trop mal anglais.
Pour les centres commerciaux, effectivement, ça se développe petit à petit, mais ça se fait encore rare. Avec sarajevo, c’est le seul mc do que j’ai vu par exemple (mais j’y suis pas allé ^^^).
Ils sont encore aux petites boutiques éparpillées partout, et je trouve ça pas mal, ça met de la vie !
Dobar dan Emmanuel.
Comme toi je suis un fan des Balkans et je connais un peu Mostar, Blagaj et Pocitelj.
C’est l’Herzégovine, beaucoup plus sèche que la Bosnie centrale;
J’y suis allé en 2009 et 2011.
Connais-tu la vallée de la Drina et Srebrenica?
Les traces de la guerre sont encore bien présentes en BiH, plus qu’en Croatie (sur la côte). A l’intérieur des terres, entre autre en Slavonie orientale à Vukovar, les traces sont encore là et les tensions persistent entre ultras serbes et croates. D’ailleurs, les fils des para-militaires qui s’étaient battus en Yougoslavie vont aujourd’hui se battre pour certains d’entre eux en Ukraine: les croates du côté du bataillon Azov pro-Kiev et les serbes côté Donbass « pro-russe ».
C’est un français, Gaston Besson, qui s’était battu au sein du H.O.S en Croatie (Slavonie orientale) et en Bosnie à Mostar, qui recrute sur Facebook pour le compte du bataillon Azov.
Il habite à Pula avec sa femme et ses deux enfants. Sa femme étant la jeune fille qu’il avait sauvée près de Tuzla durant les guerres de l’ex-Yougoslavie.
Dovidjenja.
Ronan.