Longtemps planifié et préparé à l’avance, cette randonnée bivouac le temps d’un WE devait permettre de randonner sur les crêtes des Vosges avec bivouac. Lors de ce WE, j’ai démarré ainsi une longue histoire avec le bivouac.
La seule incertitude concernait la météo et le cumul de neige restant. Ayant scruté sans cesse la météo les semaines précédentes, je finis par être rassuré en passant quelques coups de téléphone aux offices de tourisme.
Prenez des bonnes chaussures et des bons bâtons et ça ira. Au pire, sortez du GR5.
Me voilà rassuré.
Jour 1 – Saint Amarin – Grand Ballon
Vendredi matin, je me rends comme un con à la gare de l’Est en direction de Mulhouse alors que le TGV partait de la Gare de Lyon. ARF. C’est pas grave, no stress. Après près de 4 heures de TGV + TER, me voilà rendu à Saint Amarin pour un dernier déjeuner avant de commencer la grimpette. Le temps est au beau fixe, le village est calme ce qui surprend le restaurateur qui ne manque pas de me donner des conseils comme d’aller au Hohneck. A retenir.
La montée en direction du Grand Ballon se fait tranquillement sur le GR532 et principalement dans la forêt entièrement déneigée:
Le paysage ne change que peu, mais déjà le silence et le bruit des oiseaux profitant du printemps est très apaisant. Après quelques heures de marche sans croiser âme qui vive, j’arrive sur les hauteurs. La brume dans la vallée des Vosges est très perceptible, l’humidité reste présente:
Marchant sur la face du Grand Ballon la plus exposée au vent, le paysage est presque aride:
L’arrivée au Grand Ballon, sommet des Vosges à 1424mètres mérite bien que l’on s’y attarde. Cela n’est pas très sauvage mais une vue à 360° est offerte.
Voyant le soleil décliner tout doucement dans les douces collines des Vosges, je décide de profiter d’un espace semblant hospitalier pour installer le bivouac. Le temps de faire la popote, le soleil décline encore et les nuances du ciel orangé se montrent. Rajouté à la neige éparpillée sur les flans de montagne, cela donne un beau paysage dont je ne me lasse pas de regarder:
La nuit fut plutôt couci-couça dans la tente: le vent s’est levé, et malgré le muret censé protéger la tente, les toiles s’agitent. Il ne fait pas très froid, 0°C selon la météo indiquée par mon smartphone, mais le duvet apporte une excellente chaleur. Je finis par m’endormir et il vaut mieux car le lendemain, je me réveillerai à 6h00 pour ne pas rater le lever de soleil:
Le voilà enfin qui se montre, le cachottier, beaucoup plus haut que prévu ! La brume persistante m’empêchera de voir les Alpes Bernoises qui font la réputation de sites de bivouac des Vosges au Grand Ballon ou au Storkenkopf à proximité:
Jour 2 – Grand Ballon – Lac de Blanchemer
Le temps de me rendormir un peu après le lever de soleil, de faire la popote, je me mets en route à 8h15:
C’est parti pour la seconde journée.
Un coup d’oeil à la carte me permet d’estimer jouable le fait de bivouaquer au Lac de Blanchemer le soir, afin de profiter de l’eau, d’un abri et d’être protégé du vent. Mais cela fait du chemin.
Étant en hauteur, entre 1100 et 1300 mètres, j’affronte plusieurs fois les versants non exposés au soleil et donc la neige. Cela passe sans soucis, je m’enfonce pas mal et sollicite pas mal mes cuisses. Peu de risques de glisser, les températures sont douces et la tendance est à la fonte des neiges. Le passage à la station du Markstein me permettra d’avoir quelques contacts humains et de récupérer une boîte d’allumettes pour mon réchaud.
L’hiver a tout de même été rude:
En mangeant le midi sur la route des crêtes fermée à la circulation pendant l’Hiver, je croise un randonneur en raquettes, désespéré des conditions climatiques très printanières.
On discutera ensemble pendant une heure et demie de tout et rien. Je trouve beaucoup plus d’intensité dans cette rencontre que la plupart de celles que je fais dans la “vie normale”. Il me conseille vivement d’aller du côté du Hohneck car c’est magnifique et qu’on peut y voir des chamois. Je suis emballé par sa proposition et c’est limite s’il planifie pas l’itinéraire à ma place !
La suite continue sur les crêtes avec des passages plus ou moins enneigés, cependant, le décor devient de plus en plus magnifique.
Je suis littéralement émerveillé par la présence de ces nevés, le fruit de tempêtes de neige conséquentes, d’expositions au soleil et au vent différentes:
L’après midi avance bien, et effectivement le lac de Blanchemer est encore loin, je dois accélérer le rythme, ou plutôt moins prendre mon temps. Je veux arriver assez tôt au lac car selon la carte, il semble bien encaissé. Effectivement, dès la descente du Rainkopf, exposée au Nord, la neige est très présente et ne me quittera plus jusqu’au lac. Ce fut fatiguant, surtout lorsqu’on a en vue en le lac. La descente se fait en “explorateur” un peu à la “Into The Wild”.
L’arrivée au lac partiellement gelée est superbe avec ce décor:
J’installe le bivouac à proximité du lac réputé des Vosges, et presque collé à l’abri, rudimentaire mais qui joint l’utile à l’agréable pour entreposer ses affaires.
L’eau étant présent, je fais une petite trempette très rapide, histoire d’évacuer la transpiration accumulée depuis la veille. Un peu froid mais ça passe, l’air ambiant est bon, autour de 10°C. Je fais ma popote et aussitôt dans la tente, vers 20 heures, je m’endors comme une marmotte.
Pas de lever de soleil ce matin, faut bien dormir un peu ! Après 10 heures de sommeil qui n’étaient pas de refus, voici la vue offerte, qui met tout de suite de bonne humeur:
Jour 3 – Lac de Blanchemer – Metzeral
Étant redescendu en dessous de 1000 mètres, il faut maintenant remonter en altitude pour rejoindre à nouveau les crêtes. Je passe à proximité de nombreux torrents encore encerclés par la neige:
Il faut aussi traverser plusieurs fois les pistes de ski de la Bresse-Hohneck. Comme sur la route, on regarde à droite avant de traverser. Pas de danger, on est au printemps, mais dans des zones ombragées et en devers, la piste gelée peut être glissante:
L’arrivée au Hohneck (1363m) est fantastique. La vallée est très marquée et offre un décor alpestre. Pas étonnant qu’il y ait des chamois dans les parages. Néanmoins, les “tâches” de neige sont fascinantes:
La réputation du site ainsi que le beau temps amène indéniablement de nombreux marcheurs. Les discussions se font plus régulières que la veille et je pioche ici et là quelques conseils pour voir les chamois, malgré l’heure tardive de la matinée. Je n’en verrai donc pas, malheureusement, malgré du hors piste et un passage au Petit Hohneck.
Le lac de Schiessrothried est en vue, et effectivement les conseils du randonneur de la veille ont porté leurs fruits. C’est tout juste magnifique:
Il est maintenant temps de redescendre dans la vallée, en direction de ce lac, dans un décor nettement plus alpestre qu’auparavant. Les températures se font de plus en plus douces et je me croirai presque en été, à voir le nombre de randonneurs croisés.
Le lac de Schiessrothried incite carrément à la contemplation du paysage offert pendant de longues minutes:
La randonnée touche presque à sa fin dans la vallée de la Wormsa, logique donc d’y trouver de nombreux torrents et jets d’eau puissants:
Cette photo de la vallée marque la fin de la randonnée à Metzeral:
Matériel et informations
Accéder en train:
Saint Amarin est accessible depuis Mulhouse, via la ligne TER Mulhouse-Thann-Kruth. Horaires ici: https://telechargement.ter-sncf.com/Images/Alsace/Tridion/AG_17_Mulhouse_Wesserling_Kruth_v1203_tcm-10-71030.pdf
Metzeral est accessible depuis Colmar, via la ligne TER Metzeral-Colmar. Horaires ici: https://telechargement.ter-sncf.com/Images/Alsace/Tridion/AG_19_Colmar_Munster_Metzeral_m%C3%A0j_1601_tcm-10-55441.pdf
Carte de randonnée utilisée:
Carte N 6/8 du Club Vosgien (Colmar/Munster/Hohneck/Gerardmer/LesBallons des Vosges), échelle 1/50000
Poids du sac:
13.5Kg au début, nourriture incluse et 2.5L d’eau. A la fin, le sac était léger ! Pourrait faire mieux en terme de poids, mais cela nécessite d’avoir un sac plus léger ou alors de dormir en refuge. Il serait dommage de se priver d’un bivouac dans les Vosges.
Nourriture emportée:
De quoi tenir 4 repas + 2 petits déjeuner: 2 sachets de riz 125g, saucisson 300g, sachets de biscuits petit-déjeuner, 300g de pruneaux, comprimés multi vitamines, 100g de chocolat noir, 8 tranches de pain de mie complet.
Eau:
- vendredi: départ avec 2.5L, plein fait au bistro à Saint Amarin;
- samedi: 1er ravitaillement à une source en dessous du Grand Ballon et 2nd ravitaillement au col de Hahnenbrunnen pour être tranquille;
- dimanche: pioche de l’eau dans le lac et pastille qui va bien avec.
Quelques matériels utilisés:
- Sac à dos 70L Lafuma Land Cruiser 2.2Kg;
- Tente Eureka Spitfire SOLO UL 1.2Kg + feuille de Polycree pour protéger le tapis de sol de la tente 69g;
- Matelas mousse: Therm-a-Rest – Ridge Rest SOLITE 400g;
- Sac de couchage: Triple Zero Ansabere 600 Taille S 855g;
- Réchaud: Ultimate Survival Technologies – Réchaud Wet Fire Titanium 12g associée à des plaquettes ESBIT de 14g et un pare-vent Brunton de 65g.
Vêtements:
- 2 tee shirts thermiques: 1 de D4 “Base Layer” moulant pour le soir et l’autre en soie pour la marche;
- 1 polaire D4 Forclaz 200;
- imperméable respirant Lafuma;
- pantalon convertible D4 de base;
- sous pantalon thermique (à peine utilisé);
- sur-pantalon imperméable (pas du tout utilisé);
- gants, bonnet, casquette, paire de chaussettes techniques, etc…
Super récit et photos! Ça donne envie d’y être!
Le pauvre randonneur en raquettes lol, c’est vrai que les conditions récentes sont assez exceptionnelles…
C’était ton premier test de la Spitfire, alors ça donne quoi elle est bien?
Merci Nico. Tu sais que c’est en parcourant tes récits sur le GR20 et le Vercors que j’ai en partie également eu envie de faire pareil ^^.
Pour la spitfire, j’en suis satisfait. Légère, agréable, facile à monter. Le tapis de sol est léger, donc le Polycree est excellent et bien dimensionné pour.
Il faut juste que j’améliore la “tension” générale de la tente, car à l’arrière la toile intérieure à tendance à toucher la toile extérieure. L’abside permet facilement de ranger un sac de 70L, les batons, chaussures et tout. Il est surement possible de mettre le sac à l’intérieur mais j’ai pas essayé. Pas de sensation de froid.
Il est possible de rester assis à l’intérieur sans toucher la toile, ce qui est agréable et pas de sensation d’être serré ou “coincé” dans un tunnel.
Les sardines sont peut être un peu justes et ont tendance à se tordre, d’autant que les terrains de bivouac étaient assez rocailleux, l’herbe n’occupe la surface que superficiellement.
Je la recommande pour quiconque n’est pas trop grand !
beau récit, belles photos ,qui donnent envie de faire
la rando
Super récit .. Put1 ça donne envie mon gars .. Super ton récit .. J’imagine que tu commences à avoir une sacré condition physique pour te permettre ce genre de périple. J’adore vraiment ..
Salut dédé, et merci !
la condition physique, eh bien c’était un peu l’interrogation surtout avec le poids du sac et la distance à parcourir. En fait, en faisant des étirements midi et soir, cela allait peinard ! Juste un peu mal aux épaules. Après tu sais, chacun son rythme, la montagne rend humble !
Superbe récit et magnifique ballade, merci de nous faire découvrir des coins de la France qu’on a pas l’habitude de voir !
Et bien et bien 😀 que dire, juste merveilleux !
Bravo ! Merci pour ces rêveries au boulot
Et niveau photos ça devient bien sympa aussi Manu.
Whaouu,
Beau périple. Ça donne envie !
Super récit, à tel point que nous avons décidé avec mon amie de faire exactement le même périple fin Avril. Nous découvrons totalement la rando…
Serait-il possible d’échanger pour connaitre plus en détail tes temps/horaires de marche et la difficulté des parcours à fin d’envisager si nous pouvons prévoir le même programme ou devons rajouter de la marge (lieux de bivouac, horaires de départ etc…). Merci 😀
Bonsoir,
merci pour ton message élogieux, cela fait plaisir et donne envie de continuer.
Je te contacte par mail (celui fourni pour le commentaire).
superbes photos. mon mari et moi-même avons fait une rando sur les crêtes vosgiennes en partant de ste marie aux mines pour arriver au ballon d’alsace (en 6 jours), ce fut fabuleux, mais pas évident certains jours. fin août 2011 nous avions beaucoup de pluie, froid. par contre, nous étions héberges à l’hotel (on a passé l’âge de la toile de tente). mais les Vosges sont magnifiques. bravo à toi ……. et vive la rando.