Si vous avez déjà suivi mes aventures en Russie, vous n’êtes pas sans savoir ma dévotion toute personnelle pour les trains avec cette mémorable expérience du Transsibérien.
Alors quand il s’agissait de monter en Laponie, il y avait trois options: le train, l’avion ou à la mode inchallah depuis Stockholm. Le choix ne fut pas très long ! De plus, de nombreux témoignages sur le web faisaient référence à une sorte de rite initiatique pour accéder au Grand Nord puisqu’en effet, lors de leurs vacances, nombreux sont les suédois à emprunter le train depuis tout le pays vers cette fameuse ligne Luleå – Narvik (voir ici et ici).
C’est par le train SJ10094 de 18h21 à l’aéroport de Stockholm Arlanda que j’entame définitivement la marche en avant de près de 1000 kilomètres pour 13 heures de trajet vers le “Grand Nord”. Tout de suite l’ambiance est posée: les suédois déjà présents dans le compartiment couchette me regardent de façon légèrement insistante, enfin, à la suédoise, c’est à dire pas très longtemps quand même et se disent:
tiens, c’lui là, l’est pas d’chez nous !
Puis chacun retourne à ses occupations dans un silence reposant après toute la frénésie liée à ce départ. Lectures, contemplation du paysage et parfois regards fuyants sont de mise, sans qu’aucune parole ne soit prononcée. Quant à moi, épuisé, je ne suis vraiment pas en état d’oser briser la glace (l’histoire du type qui se pose éternellement la question de savoir si tout plaquer est très sérieux, vous la connaissez ?)
Le train continue sa valse à travers la campagne suédoise au gré des sauts de rail, des virages et des arrêts en gare, histoire de ramasser d’autres candidats au Grand Nord:
L’heure avance et bientôt il est temps pour le soleil de se coucher mais il préfère s’étirer dans le ciel pour y donner ses meilleurs éclats orangées. La campagne suédoise entrecoupée de longues et interminables forêts révèle sa beauté parmi le plus beau cliché qu’il soit: les fameuses maisons rouges. Et pour être plus précis, du rouge de Falun, de la fameuse province de Dalécarlie.
Et bien évidemment, après quelques heures de train, les langues se délient quelque peu. Non pas avec la jeune et blonde suédoise, très probablement randonneuse mais taciturne d’en face, ni avec les deux autres hommes, très probablement randonneurs et pêcheurs mais plutôt avec le bon fils de famille, très probablement randonneur à ma gauche et je trouve rien de mieux que de lui demander:
à ton avis, dans le Padjelanta, il y a encore des moustiques à cette période de l’année ?
Charge à lui de regarder son smartphone, outil magnifique rappelons le, pour vérifier les prévisions météo et de me répondre avec le sourire:
oui, il va faire plutôt beau, t’auras des moustiques !
Alors que l’on discute un peu plus avec courtoisie sans être dans une comédie à l’italienne, à l’évocation de Paris, du football, ce à quoi je m’attendais à entendre finit par arriver:
t’as été voir Zlatan ?
Et puis arrive le moment où l’heure est d’aller se coucher. Progressivement, chacun tente de s’installer et une fois les secrets liés aux couchettes découverts, révélant bien l’aspect fonctionnel de ces trains de nuit, c’est au doux et pénible bercement des rails que je tente de dormir. La nuit est courte, malgré l’été très avancé, le jour est déjà levé à 3 heures du matin. En jetant un œil aux fenêtres: forêts, plaines désertiques et lacs, pas de doute, c’est le Grand Nord !
Le train me dépose à Murjek (dire muriek), tout près du cercle polaire arctique, au petit matin, en compagnie de nombreux voyageurs, très probablement randonneurs.
Maintenant, cap vers Kvikkjokk (ne comptez pas sur moi pour révéler le secret de la bonne prononciation, dument obtenue après 100 tentatives), porte d’accès au parc national de Padjelanta !
Comment monter en Laponie en train ?
Rendez-vous sur le site de la SJ, les chemins de fer suédois et choisissez par exemple comme destination Jokkmokk, Kiruna, Abisko ou même Narvik sachant que ce dernier tronçon est absolument magnifique pour l’avoir parcouru en voiture (et les copains de la #TeamGivrés ne démentiront pas).
Il est possible d’être en sièges inclinables ou en couchettes, répartis sur 3 étages. Pour un trajet Stockholm C – Kiruna, tablez sur environ 80€ en siège inclinable et 120€ en couchettes si vous vous y prenez en avance.
Le trajet en hiver doit très certainement donner une dimension encore plus spéciale !
D’autres trajets en train relatés: en Finlande, entre Paris et Abisko.
J’y étais y’a une semaine….
J’adore ce trajet, s’ennuyer le soir, découvrir les voisins de cabine, monter le lit couchette Ikea, et se réveiller le matin dans la taïga avec de la neige partout…magique, le temps de se dire qu’on monte en Laponie !!!
Tiens, étrange, t’as réussi à poster un comm’ ^^
Je n’ai jamais eu l’occasion de prendre le train encore pour monter dans le grand nord (je privilégie l’avion à chaque fois) mais ca donne clairement envie ! A tester l’hiver 🙂
Super récit.
Tes photos me plaisent beaucoup.
La couchette, c’est pour les riches ! Haha ! Après Nico qui dit qu’il a pris le train la semaine dernière, je viens t’annoncer que je le prends la semaine prochaine… pour la troisième fois déjà! Jolies photos mate ! Léon
Pour avoir pris ce train déjà deux fois en plein hiver, entre Stockholm et Narvik, je confirme que la neige rend le trajet encore plus magique… une bonne vingtaine d’heures c’est long, mais c’est tellement beau dehors ! Le seul inconvénient c’est qu’avec la nuit polaire on rate une grande partie du paysage…
Merci Gwen pour ce témoignage qui m’a fait découvrir ton blog et ton engagement de vie ! Super ! Keep going !
J’avais fait le trajet en train aller-retour également, de Växjö à Abisko en passant par Stockholm. Comme c’était l’hiver, les paysages étaient très blancs et nous avons eu quelques soucis. J’ai dû faire VÄxjo-Stockholm en bus et Kiruna-Abisko… Marrant que les bus fonctionnent mieux en cas de neige…