Ce billet est la dernière partie d’un voyage à vélo vers Lisbonne, consacrée à la traversée du Portugal.

Retrouvez également les deux autres parties de ce récit: traverser la France à vélo et voyage à vélo en Espagne. Sur place, j’ai également traversé la péninsule de Setubal à vélo.


La frontière portugaise est franchie un mardi matin d’Octobre sur une route peu passante. Lisbonne encore loin, la fatigue présente, le camping à proximité de Brangança est l’occasion de faire une pause le temps d’une après-midi.

Évite le Nord Est, il n’y a rien m’avait dit Nico, un hôte Warm Showers connaissant bien le pays. Les routes désertes, les maisons abandonnées, les mines rudes des habitants, l’absence de boulangeries et de supermarchés lui donne raison. Seul l’accueil maternel d’une tasca, une cantine locale, sauve la donne malgré une ségrégation ambiante: les hommes à table et les femmes derrière les fourneaux. En somme, une confirmation de ce que j’observe dans les rues: l’omniprésence des hommes.

L’arrivée à Vila Real première vraie ville est un plongeon vers un monde plus moderne et dynamique tandis que l’étape suivante, la plus vallonnée de cette traversée du Portugal à vélo est magnifique, le passage sur les crêtes surplombant les vignes en terrasse de Cumieira laisse un souvenir indélébile.

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Rendu à ce stade du voyage, près de 3 semaines de route, celui-ci commence à vous défaire. Au diable les plans de route, les objectifs d’étape. Vive l’improvisation, vive la liberté, vive le j’arrive ici et je verrais bien. Le lâcher prise, je l’attendais de pied ferme depuis mon départ.

Pourtant tout n’est pas si simple. A Gouveia, à la périphérie des montagnes de la Serra Da Estrella, on m’annonce qu’une tempête majeure s’apprête à frapper le pays. La caserne de pompiers de la ville est donc mon refuge pour la nuit. Le mauvais temps m’oblige aussi à abandonner l’idée de caresser les hautes montagnes du pays pour finalement bifurquer sud-ouest en direction de la côte Atlantique. Les épreuves mentales s’enchaînent, attention au burn out dans ce voyage : le froid une journée durant, la solitude qui s’installe et ensuite une journée de pluie entière vers Coimbra, charmante cité étudiante.

Il est vrai que la solitude est une donnée que l’on oublie facilement en voyage à vélo. La barrière de la langue avec la culture qui l’accompagne est bien réelle. Quelque soit l’aventurier se postant fièrement sur son vélo, il n’est qu’un badaud de passage ne changeant rien à la vie des autochtones. Encore faut-il qu’il prenne le temps de s’ouvrir ? Les requêtes Warm Showers sont sans retour, tu vas galérer avec WS en Espagne et Portugal m’avait-on dit.

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La côte Atlantique se découvre. Après le passage de la tempête Leslie, Figueira da Foz, ville la plus touchée n’est qu’à quelques kilomètres lorsque je bifurque au sud vers Pedrógão à travers le Mata Nacional do Urso. Le décor est un chaos d’arbres tombés, de débris trainant par ci et là de la route. Heureusement que celle-ci n’est que faiblement fréquentée. Le gérant du camping de Pedrógão traîne son spleen, tentant toujours de faire l’état de lieux des dégâts, deux jours après.

C’est seulement à Nazaré une trentaine de kilomètres plus au sud que les dégâts se font moins visibles. Alors que depuis plusieurs semaines je m’étais habitué à une tranquillité, à l’anonymat, la présence des cars de touristes me rappelle que le Portugal est un pays très visité. La vue du vélo et de mon équipement interpelle même quelques français de passage. A São Martinho, le sable trop mou pour les piquets de ma tente facilite son envolée lors de bourrasques de vent. A São Martinho toujours après avoir trouvé une autre solution de logement, le serveur d’un restaurant, à la vue de son seul client de la soirée se prend à rêver du pèlerinage de St Jacques de Compostelle.

Lisbonne s’approche, l’urbanisation s’intensifie de concert. Rouler en étroite collaboration avec les voitures commence à devenir compliqué. Mais ce n’est rien quand à côté je découvre la beauté de la cité d’Óbidos et de la fabuleuse plage de Santa Cruz. Il est vrai que le coucher de soleil sublime cette dernière à merveille.

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La dernière étape.

Avec mon ami et sa copine, nous nous sommes concertés pour se retrouver à Sintra, banlieue de Lisbonne et haut lieu du tourisme portugais en début d’après-midi. Avec ce voyage j’ai noué un lien certain à mon vélo, sa loyauté est remerciée.

Mon vélo, ce précieux, j’y suis désormais si attaché. Son nom maintenant ? Mariposa

Un dernier pique nique, un dernier café, une dernière pâtisserie, les derniers coups de pédale, puis l’arrivée à Sintra. Petit rebondissement surprise, mes amis ne sont pas à Sintra ville mais bel et bien en haut. J’ai encore donc cent cinquante à deux cents mètres à gravir !

Rendu à l’office de tourisme, je leur passe un coup de fil, ils arrivent. Je les vois. Des grandes accolades. J’ai presque du mal à me séparer du vélo le temps d’une visite des lieux et ne réalise pas que d’un coup mes cuisses vont couper l’effort.

C’est fini.

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Les jours suivants, le corps lâche: grande fatigue, énergie en berne et soin de la crampe persistante au mollet. Pourtant avec mon ami, l’idée de faire un petit périple à vélo nous vient en tête avant mon retour en France.

La suite donc dans un prochain épisode !