La recette du fiasco d’un voyage entre potes c’est:
- Prenez six potes, quatre garçons, deux filles dont une connaissant moins bien le reste du groupe.
- A la base, trois d’entre eux voulaient partir en randonnée cet été. De fil en aiguille ils ont décidé d’un itinéraire et ont vu le groupe s’enrichir d’abord d’un membre supplémentaire puis de deux dans la semaine précédant le départ.
- Mélangez le tout pour quelques jours de trek, cinq exactement, puis observez le tout à la fin.
Bilan: seules deux personnes sont allées à destination, sachant que l’une d’entre elles devait initialement continuer. Deux autres se sont arrêtées bien plus tôt pour cause de désaccords, une personne est rentrée plus tôt comme prévue et la dernière a claqué la porte, excédée par des tensions pour rentrer directement à la case départ.
Cette dernière, c’est moi.
Un retour d’expérience d’un voyage entre potes
Je n’ai pas l’intention d’énumérer tous les faits, d’ailleurs j’en ai volontairement omis ci-dessus mais je souhaite prendre du recul sur ce qui s’est passé pour en tirer les leçons. Bien évidemment, ce que je décris ci-dessous provient de cette expérience mais aussi du bon sens qui visiblement nous a fait défaut:
- Bien se connaître. La légende dit que c’est en voyage qu’on découvre le vrai caractère des personnes, je peux vous assurer que c’est à 100% véridique. Nombre soirées, des randos à la journée et un ou deux WE passés ensemble n’ont pas suffi
- Exprimer ses attentes. Plutôt que de rester dans le non dit et la frustration, le plus possible se forcer à verbaliser ses attentes. Cela peut-être car on ne vous attend pas, car on a besoin de souffler, car on souhaite faire un détour. Les possibilités sont infinies mais le non-dit, exacerbé par la fatigue et la nervosité grandissante au fil des étapes peuvent faire des ravages
- Avoir un vrai leader. C’est beau être leader mais c’est un rôle ingrat. Il doit être responsable de toutes les décisions mais aussi penser à tout le monde tout en oubliant son propre égo (mais pas ses besoins et attentes). Un leader qui ne s’impose pas, c’est la débandade assurée: comment alors encadrer le débat alors qu’une décision importante doit être prise ? Cela peut paraître militaire mais je vous assure, en groupe il faut un encadrant.
- S’attendre. Quand je dis s’attendre, ce n’est pas juste attendre que le dernier arrive et repartir aussitôt. C’est le laisser se reposer, profiter d’être avec le reste du groupe et éventuellement s’interroger sur le rythme à conduire. Ce qui m’amène au point 5.
- Se fixer des règles de conduite: est-ce qu’on s’autorise à marcher séparément et qu’on se retrouve à des points donnés ou alors marche t-on en groupe (et le point 4 s’applique encore plus) ? Quelle rythme de marche ? Quelle heure de départ, quelle heure d’arrivée ? Etc.. Tout cela revient au point 2
- Ne pas avoir un gros groupe. Avec du recul, 6 c’est trop et nous étions tous d’accord. 2 ce n’est pas vraiment un groupe mais la gestion est plus facile. A 4 cela devient intéressant. Il faut aussi que tous les membres du groupe soient impliqués dès le début pour éviter les « arrivées de dernière minute en touriste au courant de rien »
- S’accorder des moments de solitude. Notamment au moment des bivouacs. Nécessaire pour être avec soi même, couper avec le reste du groupe et prendre du recul. Être tout le temps en groupe est exigeant en ressources.
- Bannir les égoïstes. Quand on part en nature en groupe, on se doit de prendre soin les uns des autres. Parfois il s’avère nécessaire de devoir oublier son égo et se consacrer au service du groupe.
J’en oublie certainement et c’est là que je fais appel à vos retours d’expérience pour proposer vos suggestions basées sur vos propres expériences.
Finalement, c’est le point 7 qui personnellement m’a manqué le plus. J’aurai pris plus de recul pour mieux détecter ce qui était en train de se passer.
Mais tout n’est pas noir même si avec du recul j’ai fini par rayer de ma vue une des personnes du groupe. Si j’ai eu des vives tensions avec une autre personne, nous avons été en bonne intelligence pour nous excuser par la suite à tête froide et cela a renforcé notre respect mutuel. Enfin l’amitié avec les autres est restée la même.
C’est dommage car mise à part cela, les paysages étaient somptueux dans le décor du parc national des Écrins. Peut-être pour un prochain voyage entre potes, apaisé cette fois.
Et vous, avez-vous eu des expériences de périples ratés en groupe assez large ?
Je suis partie 3 semaines en australie avec une fille que je connaissais à peine et qui ne parlais pas anglais, dans le but de rendre visite à une amie commune. J’ai joué le rôle du leader. Au départ nous avions la même idée du voyage. Pas de bringues, juste découvrir les paysages. Mais quand il fallait faire des choix elle ne donnait jamais son avis. Par contre elle faisait bien sentir quand mon choix final n’était pas à son goût. C’était quelque peu énervant. Et comme elle ne pitait pas un mot de la langue je ne pouvais pas la laisser seule une demi journée pr prendre du temps pour moi et aller à la rencontre d’autres personnes.
Comme j’ai tendance à me « sacrifier » assez facilement pour faire plaisir aux autres et éviter les conflits, j’avoue que je n’ai pas profité de mon voyage comme j’aurias aimé.
Ceci dit, ce voyage nous a permis de nous découvrir. Je saos qu’à côté de ça c’est une personne au coeur d’or et qu’en plus, elle sait comment elle est, et s’en excuse à longueur de temps. Difficile donc de lui en vouloir longtemps. Si j’ai retenté l’expérience encore 2 fois derrière, je préfère quand même de loin le voyage solo.
Et ça ce n’est qu’un exple parmis tant d’autres…
Beau retour d’expérience que tu décris là.
J’ai voyagé aussi à 2 ou 3, ou 4. A chaque ce fut différent avec forcément des tensions mais une bonne communication et un retrait de son propre ego a pu aider. Cela dépend aussi de la nature des relations que l’on a avec les personnes. Nombre de voyages ont été réalisés avec un très bon ami et lui de me voir péter un câble ne l’étonnait guère à la fin 😀
Par contre, j’ai plus en plus de mal avec le voyage solo, enfin du moins il doit être plus connecté aux gens et aux rencontres, c’est un besoin que je ressens de plus en plus.
Merci de ton passage
Je valide tous tes points. Et ja rajouterais aussi de bien connaitre le niveau sportif des personnes qui t’accompagne lors d’aventures sportives. J’en ai fait les frais une fois (en voyage organisé), on partait pour un voyage en itinérance kayak/trek au Spitzberg (donc pas très chaud…) et deux personnes (une mère et sa jeune fille) étaient comme des touristes à se demander ce qu’elles faisaient là. Pour te dire, elles avaient prévu leurs maillots de bain ! Résultat on a passé la semaine à les attendre, et même si notre guide, génial pour le coup, jouait bien son rôle, c’était pesant pour tout le monde car on a dû revoir nos attentes à la baisse.
Et sinon, les points 2 et 7 sont cruciaux, même quand tu pars avec la personne que tu connais le mieux au monde 🙂 après 3 mois de roadtrip avec mon mari, donc H24 ensemble, on a failli s’étriper ! (mais on est revenu plus fort finalement)
Pour avoir vu de loin les voyages organisés dans un hébergement ou je travaillais, il est vrai que je me suis souvent posé la question du “filtre” par niveau des voyageurs.. Eh bien, je crois que c’est un peu au bourre pif. On a eu quelques semaine de randonneurs ou clairement le niveau n’y était pas pour quelques-uns et cela impactait le groupe. Certains lachaient l’affaire au 2nd jour pour rester tranquille à l’hébergement et se promener autour !
J’imagine qu’on ne t’y reprendra pas