Clac, la portière de la voiture se ferme. En route pour un road trip pour dans les Hautes Alpes. La vallée de la Romanche en premier lieu. « Ah oui, la Grave, c’est vraiment un lieu magnifique avec la Meije en face » me dit-on. Parfait alors que j’attends depuis des siècles de pouvoir fouler le plateau d’Emparis pour un bivouac au lac Noir tant vanté pour sa magie. Un bivouac sur le lac Noir plus tard, pile en face de la Meije et alors que je parvenais à identifier deux bruits de silence différents (celui du soir et du matin), j’ai fini par comprendre. Visiblement, les Hautes-Alpes ne laissent personne insensible. Il suffit de se baser sur le nombre conséquent de touristes en cette fin août. Venus de par l’Europe entière, ils cherchent à admirer un Nouveau Monde.
Allons fouiner vers d’autres horizons pour ce road-trip dans les Hautes-Alpes. Briançon et ses fortifications de Vauban en premier lieu et ensuite la fameuse vallée de la Clarée. Malgré tout, cette vallée si préservée soit-elle au niveau de ses paysages, de son mode de vie se retrouve prisonnier du regard inquisiteur des touristes voulant tout dévorer dans leur exploration du Nouveau Monde. Ce monde n’est pas resté nouveau bien longtemps aux yeux étrangers. Même les visages métissés et le patois local, une sorte de franco-italien n’arrivent pas à dérouter le plus novice des touristes.
Alors je me suis échappé.
Direction le Queyas via Guillestre et Montdauphin pour un saut de 25 ans en arrière du temps où ma famille nantaise me trimballait par là bas. Cependant, le topo est le même, la route du col de l’Izoard, une des passerelles du parc naturel régional est chargée comme un semblant de périphérique de grande ville. Ecoeuré que j’étais, initialement à la recherche de sauvagerie pour être finalement coincé au milieu de pots d’échappement et motos pétaradants en toute impunité.
Le vrai Nouveau Monde se trouve aussi bien ailleurs.
Les Hautes-Alpes c’est 5550km² de superficie et je n’ai parcouru que la partie orientale vers la frontière italienne lors de mon voyage itinérant en road-trip. Des décisions radicales doivent être prises. Départ pour Le Dévoluy, un nom bien mystérieux dont seul le guide touristique le plus éclairé mentionne peut-être. Pourtant, rien que la route vaut le coup. Dès Gap et sa nationale chargée franchie, la route se vide. La vallée du Petit Buëch ressemble tant à son grand frère, le Buëch. Tout y est laissé intact, les rivières dévorent tout, les habitats se comptent avec les doigts d’une main. Que dire d’autre ? Je reste subjugué par ces routes qui me procurent un sentiment de puissance, radio branchée sur Nostalgie histoire de changer d’Alpes 1, la radio locale un poil chauvine. Comment décrire le Dévoluy ? Un paysage majoritairement pastoral, minéral et des montagnes ouvertes qui laissent entrevoir la liberté au loin. Et personne sur les routes. Les voitures croisées se comptent sans se faire de crampes aux doigts. A plusieurs occasions je me perds dans mon esprit à me demander que faire en Nouvelle-Zélande, lointain pays connu pour ses moutons et le rugby.
Un peu plus loin c’est l’étroite vallée de Valgaudemar qui m’accueille. Débouchant sur la route Napoléon entre Grenoble et Gap, cette vallée aux sonorités noroises et incluse dans le parc national des Écrins m’attirait depuis des lustres. La haute montagne et le tourisme agissent en cache misère à une vallée déracinée de ses origines agricoles. La désertification est réelle et la transformation du paysage, rapide. Adieu le bocage local, pourtant préservé dans la vallée voisine, le Champsaur.
Clic et clac, magie et saut dans le temps. Je roule dans la vallée du Buëch, l’effet de surprise initial lors d’une première venue est passé. Radio Nostalgie est toujours branchée. Rosans est ma dernière étape. Des amis viennent de s’installer en agriculture et je viens leur filer un léger coup de main. Ils transpirent le bien-vivre d’être ici. Les arbres y ont toute leur place et les fruits précieusement cueillis irradient les papilles de saveurs. Les parasites des grandes villes sont hors de portée, la nature est ici accessible à qui sait l’écouter.
Le Nouveau Monde c’est ça, c’est la nature qui se laisse écouter. Et les Hautes-Alpes me donnent vraiment cette sensation, déjà vécue en grand voyage et que je ne pensai pas revivre et ce encore moins en road-trip.
Comme pour ton voisin la Drôme redécouverte lors d’un road trip, Les Hautes-Alpes, je t’ai découvert et je t’aime.
Superbe article qui me donne follement envie de mettre le cap sur les montagnes ! De la part d’une drômoise provençale qui a plus le pied marin que chamois… Mais qui se soigne 😉
Moi c’est un peu l’inverse tsé. Né pas loin de la côte Atlantique et de la Bretagne (je dirais même inclus) j’ai toujours été nettement plus attiré par les hauteurs que les vagues même si elles belles 🙂 La mer me donne un sentiment d’insécurité, d’inconnu, de risques. La montagne, beaucoup moins. Surement car je l’ai apprivoisé et cela dit, je ne serai pas contre de tenter d’apprivoiser la mer un jour 😀
Merci de ton passage
PS: La Drôme provençale déchire aussi 🙂
Tu nous régales avec ces magnifiques photos ! Quel plaidoyer en faveur de la Beauté de la montagne en été !!!
Bel article. Dommage d’avoir sauté à pieds joints le pays des écrins et le coeur du parc… C’est un peu comme visiter Paris et zapper la tour Eiffel.
Je suis d’accord avec votre allusion, mais quel dommage de n’avoir pas retenu que je suis aussi allé jeter un oeil au Queyras, au Dévoluy, au Rosanais et au Valgaudemar. Ce dernier, bien que dans les Ecrins n’est vraiment pas la partie la plus fréquentée des Hautes-Alpes. Soit un rayonnement assez large des Hautes-Alpes.
De belles photos des paysages varies des Hautes Alpes entre haute et moyenne montagne. C est a la fois la mediterranee et les Hauts sommets montagnards. J y sejourne regulierement.
Effectivement, c’est un très beau mélange avec une tendance vers le bleu et du sec 🙂
Merci de votre passage !
Une bouffée nostalgique d’une région que j’ai connue,arpentée en voiture, à pieds.Merci de ce très bel hommage alpin
C’est vrai que ce département est magnifique, sa nature, son climat, aucune industrie, on peut y pratiquer tous les sports possibles et inimaginables… une faible densité qui permet à la nature d’offrir tout ce qu’elle a de meilleure…
Mon seul regret, c’est d’y être né, d’y avoir vécu 28 ans et d’en être parti…
Pendant 28 ans je ne comprenait pas pourquoi les gens voulaient toujours partir en vacances… maintenant que je suis à 8000 Km je comprends! Sauf que je ne pars plus en vacances, je pars dans les Hautes-Alpes
Votre témoignage est intéressant Christophe. Et vous n’êtes pas le seul dans ce cas, nombreux sont ceux qui, faute d’y trouver leur place ont quitté leur nid et voir ailleurs. Ce n’est pas forcément un mal, ne serait ce que pour l’ouverture d’esprit. Né campagnard, dans un village devenu cité dortoir, je désespère de voir ces changements trop rapides. Et le mode de vie citadin a fini par avoir ma peau et bientôt, je serai de nouveau en campagne 🙂
Merci de votre passage 🙂