Qui croirait que même lors d’un voyage en train, il peut se passer des choses. Récit d’un retour à la maison en train après un aller du côté suédois.

Même à petite échelle. Même juste pour trois nuits et deux jours et demi de trajet en train.

Voyez plutôt. De Mo i Rana proche du cercle polaire arctique en Norvège à Chambéry dans les Alpes françaises.

J’ai dormi par terre dans une gare avant qu’un flic norvégien me demande de me poser sur le banc. Il est vrai que des panneaux Forbudt indiquaient clairement cette interdiction que j’avais décidé d’outrepasser volontairement. Finalement deux néerlandaises qui s’ennuyaient aussi proposèrent de passer le temps autour de cartes à jouer.

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Une autre nuit, écrasé par la chaleur du compartiment du train-couchettes entre Hambourg et Bâle, je me suis affalé sur la moquette pour mieux dormir, la position assise étant inconfortable. Je me foutais complètement de l’image que je pouvais renvoyer, y compris au contrôleur finalement compatissant.

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Dans ce même compartiment six places assises, certainement aidé par la chaleur j’explose de rire lors de tentatives de communication avec un vieux briscard allemand qui n’avait, lui aussi pas son pareil pour rire. Baragouiner quelques mots d’allemand tournant éternellement autour de bier suffisait amplement. Malgré toute la bienveillance de ce type, je suis descendu à la mauvaise gare à Bâle. Et pourtant je lui avais bien dit Basel ? dies ist der Basel sans le moindre doute. Comment pouvais-je savoir qu’il y avait trois gares différentes ? Sans doute que lui même ne savait pas. Je me suis résolu à rater mon prochain train en direction de Genève et été quitte à une courte balade dans un tramway de Bâle pour la bonne gare.

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J’ai aussi explosé mon forfait 3G International en Suisse et dans les eaux internationales, les deux zones étant considérées hors d’Europe. Oui il y a même la 3G dans les eaux internationales, en voilà une expérience. J’en étais quitte pour une rallonge de trente cinq euros sur la facture.

Alors que j’étais plongé dans une lecture collant à l’esprit des hauts plateaux du Dovrefjell que le train traversait, un boeuf musqué imposant fait son apparition ébahi de notre passage. Le wagon entier tourna les regards vers lui comme dans un safari.

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L’arrivée dans la civilisation à Oslo après plus de 3 semaines dans le Grand Nord me laisse pantois. Je me bouffe un choc thermique violent de plus de 15°C sur le papier mais en réalité c’est bien au delà. La lumière est dure, le soleil cogne à plus de 28°C, le béton environnant augmente cette sensation de chaleur et malgré que cela soit dimanche, les rues du centre ville d’Oslo fourmillent de monde. Enfin cette population si brassée sur la place de la gare tranche complètement.

A Hambourg, alors que le rythme trépidant et assourdissant de la rue force à me replonger dans l’ambiance de la Norvège, je partage un bout de table d’une allée proche de la gare avec un arménien le temps d’un repas en mode fast-food. Au travers de nos cultures respectives, nous nous posons mutuellement les mêmes questions tu viens d’où, comment c’est ? comment trouves tu la vie en Allemagne ? avant de nous quitter le plus simplement du monde. Je constate aussi l’omniprésence dans la rue de migrants et m’interroge aussi sur leur réelle intégration et adaptation.

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En direction de Genève, un suisse germanophone se tenant en face me dévisage régulièrement sans oser lancer la conversation. Elle viendra lors qu’après avoir commandé un café, le serveur refuse ma carte bancaire. Sans un seul rond sur moi pour payer, mon voisin se charge de régler la note et la suite on la connaît. J’étais même prêt à lui donner des euros mais un café réglé contre une discussion avec un français et on était quitte.

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Dans le dernier train en direction de la maison, je retrouve ces lieux que je connais et chéris même à présent. La ligne entre Culoz et Aix-les-Bains est juste magnifique, le lac ainsi longé est sublimé par le soleil d’été. Le château de Chindrieux se distingue en hauteur du lac, les tunnels traversés indiquent bien la géographie particulière le long de la rive est du lac et enfin les derniers hectomètres avant d’entendre:

Gare de Chambéry. 2 minutes d’arrêt

Le retour à la maison après être parti près d’un mois sur les routes du Grand Nord est facile. L’atterrissage est doux, pas brutal pour un sou et je suis déjà prêt à reprendre une vie quotidienne dès le sac rangé. Même après 3 nuits, 9 trains, 1 ferry et 3000 km d’apparence banals, il y a encore moyen de rester étonné, intrigué mais aussi de méditer, de rencontrer des gens et de digérer son voyage pour rentrer doucement.

Et cela tranche avec le retour brutal qu’impose un vol de plusieurs heures qui ne laisse pas le temps de se réadapter. Il n’y a pas à dire, je suis définitivement devenu un adepte du voyage en train.

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Si vous souhaitez voir d’autres expériences en train avant de vous y engager, je vous invite à lire la montée dans le Grand Nord en train, un souvenir mémorable dans le Transsibérien et enfin un trajet domestique entre Rovaniemi et Finlande.