Le Frenchmans Cap Track est considéré comme un trek assez difficile du fait que le sentier soit rugueux et comprenant des passages régulièrement envahis de boue. Les locaux parlent même des (sodden) loddons plains, un véritable cauchemar de boue arrivant jusqu’aux genoux pendant quelques hectomètres. Heureusement, un généreux donateur a investi dans l’amélioration du track.

C’est donc sur un sentier partiellement amélioré que je m’engage sans trop savoir à quoi m’attendre puisque de la neige est attendue sur les sommets. La Tasmanie possède un climat très capriceux en voici encore la preuve, il neige début novembre alors que le printemps est bien avancé !

Jour 1: jusque là, ça va.

Partant du car park à proximité de la Lyell Highway entre Hobart et Queenstown,  l’évolution se fait majoritairement dans la forêt dense et humide. La tempête agit bien de manière cyclique (un coup il fait presque chaud et 5 minutes plus tard il grêle) mais je ne crains pas l’humidité tant que je suis dans l’effort.

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De temps à autre, la vue se dégage et je peux apercevoir le Frenchmans Cap enneigé. J’arrive ensuite à une partie nettement plus ardue puisqu’il faut affronter les grandes mares de boue du sentier dévié des sodden loddons. Alors que l’ancien tracé offrait de la boue jusqu’aux genoux, je n’en aurai que jusqu’au tibia. Pas trop haut mais suffisant pour que je comprenne l’utilité de guêtres hautes dont bien sur, je ne dispose pas. Une grande partie des australiens randonnent en guêtres et c’est pas pour rien.

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En dehors des parties remises à neuf du track, il faut bien le dire, c’est bien galère comme track. Mais cela reste plutôt plat, la partie la plus difficile sera pour le lendemain et je ne le savais pas encore ^^ Mais la nuit sera bonne à Lake Vera Hut en compagnie d’australiens.

Jour 2: là, ça va moins bien

Quel cauchemar que je revis en écrivant ces lignes. Ce qui suit est à l’image du temps: maussade, rugueux et dur.

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Dès la sortie de la hutte, le track est censé longer le Lake Vera, mais la « jungle » est tellement dense que je n’en vois pas le bout du nez, de ce lac !

Ensuite, j’attaque une montée sèche dans la forêt humide vers le Barron Pass. Autant vous dire, c’est plus de l’escalade lente ou les mains sur les racines ou blocs de pierre servent souvent d’appuis. Les genoux trinquent, et heureusement que le sac n’est pas bien lourd (je me suis délesté de quelques affaires à la hutte). De nombreuses pauses sont nécessaires avec la moiteur étouffante et sans aucune vue possible.. Une partie vraiment pas de plaisir.

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Après plus de 2h30 de montée laborieuse, j’arrive enfin au Barron Pass à 900m d’altitude ou les vues sont dégagées, mais pas pour longtemps, les nuages arrivent vite ! Mais quel récompense tout de même, de voir ces sommets enneigés, annonciateurs d’une suite un peu compromise.

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Ayant un regain de forme, je continue sur les crêtes avant que les nuages ne viennent définitivement couvrir le tout. Le track est plus dégagé certes mais pas pour autant moins difficile. Les passages techniques n’arrêtent pas de se succéder et les montées et descentes sèches continuent de flinguer mes genoux qui ne doivent vraiment pas aimer l’humidité fraîche. Petit à petit, je rencontre même de la neige fondante au sol, achevant de congeler mes pieds.

Le cauchemar continue !

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Étant le premier à venir dans ce sens là, je dois même dégager les marches d’escaliers de certains « up and downs », cela n’est pas encore dangereux. Mais par sécurité, il sera hors de question de tenter le Frenchmans Cap aujourd’hui. Arrivé à la hutte du Lake Tahune, à la vue du bordel laissé par les 5 randonneurs ayant décidé coute que coute de tenter le sommet sous la neige et de mon état, j’ai rapidement rebroussé chemin pour redescendre.

Demi tour donc vers la hutte du Lake Vera dans la vallée. Dépité, mais quand les conditions n’y sont pas, je ne prends pas de risques. La descente dans la forêt humide sera aussi pénible que la montée. J’arrive exténué à la hutte du Lake Vera, et apprend que la météo est annoncée bonne pour les deux jours à venir.

De quoi rager.

Je pourrais très bien remonter le lendemain car j’ai assez de nourriture mais l’envie n’y est plus face à la difficulté de cette fameuse forêt humide et face à mes genoux douloureux. Le soir sera propice à l’observation d’un pademelon, un des types de marsupiaux:

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Jour 3: et si…

Définitivement ce track ne me laissera pas un souvenir faramineux. Je reviens et il fait beau. mais froid aussi en ce matin. En cherchant bien à travers la jungle humide, j’arrive enfin à voir le Lake Vera:

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Le track est en one-way donc je reviens sur le même chemin que celui emprunté au jour 1. Rien de spécial à raconter si ce n’est qu’avec le beau temps, tout est plus facile. Les caillebotis ont eu le temps de sécher et il y a légèrement moins de boue. Mais ça ne m’empêche pas par un moment de mégarde de glisser et de casser un brin de baton..grrgllglgll…

Néanmoins les quelques points de vue que je ne pouvais admirer précédemment révèlent leurs beautés. Notamment le Frenchmans Cap enneigé. D’ailleurs s’il porte ce nom, c’est parce que justement la forme du sommet ressemble à une cape de français ^^ La Tasmanie possède de nombreux liens historiques avec la France. Néanmoins, j’espère que les photos vous donnent une idée de la densité de la « jungle » ^^ Avec l’Overland Track et le tour du parc national de Freycinet, cette randonnée reste comme un de mes meilleurs souvenirs en Tasmanie. Pour des randonnées à la journée plus cool, il vaut mieux se projeter sur les Hartz Mountains en plein coeur du wilderness également et l’ile Maria sanctuaire de la wildlife.

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Les infos à savoir sur le Frenchmans Cap Track

D’une longueur de 46km aller-retour, il faut compter entre 3 et 5 jours pour le parcourir. Et je parle en connaissance de cause, le faire en 3 jours est possible mais très sportif, compte tenu de la difficulté du track et de l’emplacement des huttes.

Le track est bien défini, il n’est pas vraiment nécessaire d’avoir une carte mais elle peut s’avérer pratique. Vous la trouverez un peu partout dans les divers offices de tourisme, notamment à celui du Lake St Clair. Demandez à avoir la version à jour avec le nouveau track.

2 huttes sont sur le track fournissant de l’eau et permettent de loger 16 personnes (Lake vera) et 8 personnes (Lake Tahune) de mémoire. Utilisez les tant que possible, car il pleut entre 15 à 20 jours par mois dans le wilderness. Donc restez au sec le plus possible. Evidemment, l’été est la meilleure période pour profiter du beau temps plus présent. La boue y est plus sèche aussi mais il y aura plus de monde. Il y a aussi des emplacements de camping mais uniquement dans la vallée. Une fois sur les crêtes c’est tout bonnement impossible de camper.

Des infos publics sur le track ici sinon ici.

Un bus dessert le départ du track avec Tassielink