Le voyage à vélo pour Lisbonne avec la traversée de la France à vélo, le voyage à vélo au nord ouest de l’Espagne et enfin la traversée du Portugal à vélo m’a éreinté et la semaine sur place a été mise à profit du repos. Avec Matthieu qui souhaite explorer le Portugal sur son temps libre, nous entreprenons d’aller sur la péninsule de Setubal en voyage à vélo. J’envisage ce petit tour de deux jours et demi sur la péninsule comme une période de récupération: petite péninsule, petites distances et petits braquets.

Le seul hic, ce voyage est tellement improvisé que nous n’avons pas d’endroit pour dormir, ni de tente, juste un sac de couchage. Cette contrainte, volontaire, oblige à forcer le destin, à aller à la rencontre des portugais pour tenter de nous faire héberger. Avant d’être les héritiers d’Antoine de Maximy, des Nus et Culottés et autres baroudeurs moins médiatisées, nous avons quelques rounds d’essais à passer.

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Nous étions bien partis depuis le ferry entre Belém et Trafaria au nord de la péninsule de Setubal en cette fin de matinée de vendredi. Le soir même, dans les faubourgs d’Azeitao, nous traînons nos vélos à la recherche d’un toit tandis que l’obscurité s’installait petit à petit. A force de demander l’hospitalité aux gens, nos états émotionnels ne font que varier d’un extrême à l’autre, du refus méprisant à la lueur d’espoir. Devant la nuit s’annonçant, nous avons du nous résoudre à sortir une dernière cartouche: les sapeurs pompiers de la ville, comme lors de mon étape à Gouveia sur le route de Lisbonne, à la veille d’une tempête majeure.

Bien que la négociation en portugais semble acharnée, les pompiers nous accueillent finalement les bras ouverts en nous laissant une salle non utilisée avec des matelas en mousse à disposition et un accès à une douche froide.

Dès le réveil au lendemain matin, nous n’avons aucune envie de réitérer l’expérience: demander spontanément l’hospitalité est vraiment stressant et nous met dans une position embarrassante. D’un point de vue philosophique, c’est une expérience intéressante qui ne demande qu’à être reconduite comme un apprentissage pour ensuite être serein dans ce genre de situations. Il est tellement difficile de demander une hospitalité toute simple, rudimentaire sans avoir l’impression de faire la quête.

C’est alors que nous décidons pour la prochaine nuit de solliciter le bon vouloir de couchsurfeurs. Matthieu envoie quelques messages et nous partons l’esprit un peu plus léger vers le parc naturel de l’Arrábida. Si la veille le cheminement à vélo était le long d’axes fréquentés par des véhicules peu habituées à cohabiter avec les cyclistes, en ce samedi matin il en est tout autre. D’ailleurs, les cyclistes du samedi ne s’y trompent pas, ils sont en masse entre Sesimbra et Setúbal, tout le long de cette route oscillant entre grimpettes de collines et plongées brusques vers la côte au cœur du parc qui n’est pas sans rappeler le relief de la Corse que j’ai arpenté lors d’un tour de Corse à vélo.

La suite de notre voyage nous laisse dans l’expectative, si prendre le ferry pour se rendre sur la langue de terre faisant face à Setúbal est tentant, la suite est conditionnée par le retour impératif à Lisbonne le lendemain soir. Or faire une boucle complète dans le temps imparti nous obligerait à prendre des routes fréquentées, en soi pas tellement ce dont on a envie. Alors nous signons pour une après-midi de jeu avec le vent sur l’isthme: de dos à l’aller pour prendre de la vitesse et sitôt à Comporta, le retour sous le vent de face me rappelle les heures difficiles dans la meseta espagnole. Heureusement les pauses contemplation de l’Océan Atlantique sous des vagues déchaînées le long des immenses plages répartit les efforts.

Ce vent puissant annonce une vague de fraîcheur perceptible dès le soir à Setúbal où finalement un couple belgo-portugais nous accueille pour passer la nuit. L’occasion de s’immerger enfin dans la culture portugaise le temps d’une soirée avant de quitter le pays le lendemain soir. Le retour à Lisbonne par le ferry depuis Barreiro est anecdotique, définitivement les routes de la péninsule de Setúbal ne se prêtent guère à un voyage à vélo.

Excepté bien sur le parc naturel de l’Arrábida qui reste la pépite de la péninsule de Setubal. Pour retrouver des paysages maritimes direction la traversée de la Corse à vélo et pour des paysages maritimes mais moins de montagne, direction ce voyage à vélo sur la v45 en Bretagne.

 

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