Pédalez sur les routes de la Savoie avec le tour des Bauges à vélo sur 3 à 4 jours

Cette région naturelle, de moyenne montagne se situe dans un triangle entre les villes d’Annecy, Chambéry et Albertville. Considérée comme un massif préalpin, sa formation calcaire la rend en opposition aux massifs cristallins externes de l’intérieur des Alpes comme le Beaufortain, la chaîne de Belledonne et la Lauzière. Comme les autres massifs karstiques des Aravis, du Jura et de la Chartreuse, elle offre un accès aux cluses et grandes vallées comme celle de la plaine du Rhône.

Cette géologie lui confère la particularité d’héberger des grottes, gorges et trous dans lesquels vient s’infiltrer l’eau qui ne peut rester en surface. Citons notamment le pont du Diable ou encore le canyon de Ternèze à Curienne tout près de Chambéry, idéaux pour la pratique du canyoning. Tout naturellement, les amateurs de spéléologie trouvent leur bonheur dans les nombreuses cavités souterraines. En revanche, seuls deux lacs peuplent le massif : le plan d’eau de Lescheraines sur les berges du Chéran et le lac de la Thuile, proche de Chambéry.

Alex, un ami me rejoint pour ce tour des Bauges à vélo. M’entraîner avec les sacoches de vélo chargées sur un enchaînement de cols avant un grand voyage à vélo, constitue mon principal objectif. Comme on dit ici,

Le savoyard connaît tous les chemins de son pays

C’est en terrain connu que nous nous mettons en route pour le col des Prés, situé à 1135 mètres d’altitude pour 16 kilomètres d’escalade. Si le début de l’ascension partage la route avec le col de Plainpalais, Saint-Jean-d’Arvey marque le vrai départ de l’ascension. Premier village paisible, Thoiry offre un magnifique belvédère sur la cluse de Chambéry, le mont Penet et le Mont Margériaz. L’enchaînement de lacets permet de lisser les efforts, cependant la route s’élève progressivement jusqu’à atteindre 10% de déclivité. Tandis que les muscles de nos corps commencent à se crisper, les alpages du col, paradis des vaches laitières en liberté, sonnent l’arrivée au col.

La bascule se veut rapide au pied du Mont Margériaz, sommet d’une longue crête jusqu’à Lescheraines. Sur le versant ouest du Mont Colombier régnant à 2045 mètres d’altitude, Aillons-le-Jeune organise la fête du village ! Les habitants enfilent leurs costumes savoyards traditionnels et, sous les musiques d’ambiance populaires, effectuent des danses.

Un grand marché permet de mettre en valeur le savoir faire de l’artisanat local. De part sa situation, les Bauges attirent un public assez aisé souhaitant vivre en campagne, au calme dans la verdure tout en étant proche de l’agglomération de Chambéry.

On peut dire en quelque sorte que la population s’est embourgeoisée et la qualité de vie perceptible, en contradiction avec le caractère historique agricole, rude et peu ouverts en raison de l’isolement passé dans ces montagnes.

Lescheraines, un des principaux villages du massif des Bauges, marque la fin de la descente sur une route assez dégradée par la rudesse de l’Hiver. Le col de Leschaux, un synclinal qui culmine à 900 mètres s’annonce pour une montée peu difficile sur 7,5 kilomètres. Sur mon vélo, envoyer un braquet de 24*28 pignons ou 24*24 pignons selon les passages, s’envisage facilement. La pente de 4,4% de moyenne constitue plutôt un long faux plat montant.

Cela se révèle assez similaire à des pentes sur des anciennes voies ferrées comme les 3 % sur la voie douce Dolce Via en Ardèche, sans ressentir de difficultés physiques. Notre rythme de progression, à vitesse réduite, permet d’observer la crête du Roc des Boeufs, paradis des grimpeurs chevronnés. Il devance le Mont Trélod, un des sommets phares des Bauges à 2181 mètres dont bon nombre de randonneurs sillonnent les sentiers y menant.

Si le col de Leschaux se veut anecdotique, en revanche la descente tranquille vers Sévrier et Saint-Jorioz se révèle spectaculaire. Au détour de la forêt, la vue sur le sommet de la Tournette dans la chaîne des Aravis nous accompagne jusqu’aux bords du lac.

Même si notre rando cyclo n’aborde pas la ville d’Annecy, que nous connaissons tout deux, je vous conseille sa visite. Souvent surnommé la Venise des Alpes, une promenade dans la vieille ville à travers ses canaux et ses différents ponts dont le pont des Amours devrait vous charmer. Ne manquez les principales rues : rue Sainte-Claire, rue Carnot et rue Royale. Le château d’Annecy et le palais de l’Isle constituent de belles visites culturelles.

Nous retrouvons la véloroute v62 à Saint-Jorioz. Elle suit les traces de l’ancien chemin de fer entre Annecy et Albertville, aujourd’hui démantelée en grande partie. Seule la section ferroviaire entre Ugine et la cité olympique reste épisodiquement en activité. La reconversion du ballast en piste cyclable rend de nos jours tout cycliste, qui l’utilise quotidiennement ou pour balades, heureux. Le petit bonus ? L’accès direct à des plages et la possibilité de garer les vélos.

Le col de Tamié à 907 m relie Faverges (10 kilomètres d’ascension) en Haute-Savoie à Frontenex en Savoie. Il se présente comme une alternative plus intéressante et montagneuse au sillon plat de la v62 à travers le val d’Arly et Ugine. La variante par le col de Tamié se veut plus pittoresque dans cette nature verdoyante au milieu des alpages.

Si dans les premiers kilomètres, la rampe de 6% de moyenne nécessite d’appuyer fortement les pédales, la pente s’adoucit franchement dans les gorges du Bard. Les grands espaces au pied de la pointe de la Sambuy et de la pointe de Chaurionde offrent des emplacements pour établir le camp. Soyez attentifs à rester à l’abri des habitations. Deux kilomètres avant le col, l’abbaye de Tamié constitue la principale attraction, notamment pour son fromage éponyme qui ressemble au reblochon. Pour cause, l’aire d’appellation du Reblochon inclut la commune de Plancherine.

Après une belle descente vers Frontenex sur une route à faible passage, nous avons le choix entre rejoindre la véloroute v62 de l’autre côté de l’Isère ou de suivre la “route des coteaux” des vignobles de Savoie. Nous choisissons la seconde option qui sillonne au pied des falaises impressionnantes des Monts d’Armenaz et des dents d’Arclusaz, des synclinaux perchés. Dans ces vignes on cultive, un vin blanc à l’appellation AOC de la Roussette de Savoie à base d’Altesse ou encore la Mondeuse, un cépage ancien, un vin rouge. La zone de production des vins de Savoie s’étale de Chapareillan en Isère, puis couvre les deux départements de la Savoie et quelques petites zones dans l’Ain.

Les villages s’enchaînent : Saint-Vital, Montailleur, Grésy-sur-Isère, Fréterive et Saint-Pierre-d’Albigny sur une route vallonnée et faiblement fréquentée. Le château de Miolans, qui surplombe les coteaux, et visible de loin constitue un point d’attraction de cette route des vins. L’arrivée à Cruet, mignon village savoyard qui a gardé son caractère d’antan avec ses maisons typiquement savoyardes, marque le début de l’ascension du col de Marocaz.

L’ascension du col de Marocaz à 958m, sur une route de campagne déserte se révèle courte et représente un beau challenge sportif plébiscité  par de nombreux cyclistes locaux.

Partez de préférence tôt le matin pour échapper à la chaleur écrasante du versant sud de la route. Les gorges de la Crousaz permettent de se reposer à mi-parcours dans une ambiance de pleine nature. La seconde partie du col réserve quelques raidillons dans un décor sauvage dépourvu d’habitations.

La descente donne une nouvelle fois l’occasion de découvrir les Bauges de l’intérieur avec le pic de la Sauge régnant sur la vallée longeant le ruisseau de Ternèze. Pour quelques centaines de mètres de détour, rendez-vous au lac de la Thuile pour vous prélasser dans un des seuls lacs du massif. Le tour du lac peut se faire en balade et constituent un endroit propice pour sortir le pique nique. L’Auberge de la Thuile représente aussi une excellente adresse pour se restaurer.