Ce billet est la seconde partie d’un voyage à vélo vers Lisbonne, consacrée à la traversée du Nord Ouest de l’Espagne

Retrouvez également les autres parties du récit : la traversée de la France à véloet la traversée du Portugal à vélo. Sur place, j’ai également traversé la péninsule de Setubal au sud de Lisbonne.


Même si la frontière est franchie à Arnéguy, c’est vraiment le Puerto d’Ibañeta avec la traversée des Pyrénées qui symbolise l’entrée en Espagne. Sur conseil de cyclotouristes, je prends le soin de contourner Pampelune par la jolie et sauvage vallée d’Arce en guise d’introduction de la Navarre, cette terre aride, déserte presque. L’eau est véritablement absent.

Puente la Reina, Estella-Lizara, Los Arcos, Logroño.

Ces noms de ville portent l’empreinte du Camino Francès. Bien que je les ait côtoyé à plusieurs reprises en France depuis le Puy-en-Velay, c’est véritablement une fois rendu à Puente la Reina que je me confonds dans le décor avec les pèlerins de St Jacques de Compostelle. Parfois alors qu’ils marchent sur un chemin à proximité de la route, écrasés par le poids de leur sac, je les dépose littéralement. Intérieurement, je loue leur courage d’affronter cette lenteur tant le paysage de cette partie de l’Espagne semble invariable.

Les routes sont larges et composées de longues lignes droites, la grande visibilité offerte aux rares voitures les laissent inoffensives. A Los Arcos en plein repas du soir, je froisse un américain en osant aborder le sujet tabou: Donald Trump.

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La sierra de la Demanda est un détour du pèlerinage, faute de route adapté pour les cyclistes. Mais c’est tant mieux car cette étape est le clou du spectacle avec d’abord un passage surprise dans le magnifique village montagnard d’Ezcaray. La suite du programme réside en un moment de bonheur avec l’escalade de deux cols de moyenne montagne et à du hasard. A Villasur de Herreros, en me la jouant où je peux dormir ? sans aucune arrière pensée, une boulangère bio opère avec moi un échange de produits alimentaires, discute des problématiques environnementales et m’emmène dans un de ses champs afin d’y planter ma tente. A distance mesurée de traces de sangliers bien sur !

A 1000m d’altitude, la nuit froide, humide et chaotique sur le sol bosselé faute de matelas opérationnel est annonciatrice de prochaines matinées compliquées à gérer au niveau thermique. En effet, au démarrage de la journée de vélo je me couvre les bras, les mains, le cou et la tête pour rouler en pantalon technique et veste imperméable sous un soleil pourtant présent. Alors qu’il peut faire froid longtemps, il ne suffit souvent qu’une demie-heure pour opérer la transition short, tee-shirt et sueur. Ce mode opératoire va m’accompagner jusqu’au Portugal.

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Burgos.

La ville à la célèbre cathédrale m’accueille depuis son agréable piste cyclable. Avec ma maîtrise de la langue espagnole sortant du fond d’un tiroir, les occasions de discuter se font rares. Cela tombe bien j’ai l’occasion de me rattraper avec un cyclotouriste espagnol. A la vue de mon vélo encore flambant neuf il ne peut résister à la curiosité de connaître le parcours de mon voyage en Espagne, de parler vélo et de prodiguer des conseils.

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La meseta, le plateau désertique espagnol coincé entre les chaînes de montagne s’annonce. La solitude qui commence à s’emparer de mon corps va pouvoir pleinement s’exprimer.

Le cheminement qui m’amène à Castrojeriz dans un premier temps, puis Sahagún et la Bañeza me laisse pantois. Tantôt écœuré par ce vide infini, tantôt admiratif de cette liberté qui m’est offerte de plonger dans une profonde méditation puisque je n’ai rien d’autre à faire que pédaler. Pédaler, pédaler, parfois regarder une petite variation des collines dans les immenses champs de blé. Tenter des prises de vue photographiques et en jeter les trois quarts faute de profondeur réelle. Compter inlassablement les kilomètres restants pour conclure une ligne droite. Parfois 11 kilomètres.

Autant l’arrivée à Castrojeriz, étonnant village étiré est facilitée par le vent de dos, celle de Sahagún se résume à une éprouvante épreuve de force contre le vent de face. Heureusement le cycliste maintenant aguerri se remet bien vite des efforts et ne pense qu’au présent.

La meseta ne laisse personne insensible, elle remue, pique, secoue mais rend aussi beaucoup plus fort.

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Puebla de Sanabria est la dernière étape avant le Portugal. La traversée du Lago de Sanabria est un plaisir visuel de verdure, de relief, les sensations sont décuplées après quelques jours de plat. La saison touristique est terminée, les rues du village avec son château sont délaissées, y flâner tranquillement est agréable.

La fin de mon voyage à vélo à travers l’Espagne approche, à quelques encablures du Portugal, je m’arrête à plusieurs reprises ramasser des pommes au sol. Des retraités viennent à ma rencontre et après agréable discussion se chargent de remplir ma sacoche de tomates, prunes, poires et pommes.

Un vrai régal, c’est de bonne augure avant le Portugal !

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