C’est un peu paradoxal de réunir dans la même phrase lent et moteur, qui sont tous deux associés à une notion de vitesse pour introduire ce billet un peu plus personnel qu’à l’accoutumée mais portant toujours sur le voyage.
Nous sommes dans une époque où tout doit aller “vite”, cette même vitesse d’exécution associée à une notion de performance, qu’à peine passé le 1er Janvier et les traditionnels “résolutions de bonne année” on arrive déjà à fin Juin en ayant cette impression que la vie défile vite sans avoir le temps d’appuyer sur le bouton “Pause”. Oui, “pause”… Non pas un WE en bord de mer à bronzer. Mais “pause” dans la tête. Prendre du recul, remettre les choses dans leur contexte… Il est devenu difficile de nos jours de faire “pause” avec toutes les distractions qui nous sont proposées et dont même les “hyperactifs” n’arrivent pas à combler (et j’en fais partie)…
C’est quoi faire “pause” ? Casser la routine, changer de train-train, vivre des expériences marquant une rupture temporelle ? Avez vous déjà eu cette impression de répéter inlassablement les mêmes gestes le matin tel un robot ??? Il suffit alors de décaler l’heure de réveil pour considérer toutes les choses sous un oeil neuf et de redécouvrir des choses. Véridique…
Maintenant, vous vous demandez quel est le lien avec le voyage ???
Très très bien, on y arrive, ne vous inquiétez pas…
J’ai eu la chance d’avoir pu voyagé plusieurs fois ces dernières années et même si le périmètre s’est largement concentré sur l’Europe, mes envies ont naturellement évolué. Sur les premiers voyages, munis de nos grosses valises, des guides touristiques, d’une voiture louée ou personnelle, nous parcourions les pays, cheveux au vent…Visites de musées, arrêts inopinés dans de nombreux villages, sites naturels ou culturels furent le lot presque quotidien.
Mais restait toujours cette même impression de ne pas aller assez en profondeur, de ne pas rencontrer assez de gens, de vouloir arrêter la voiture et ainsi marcher. Pour résumer, de ne pas appuyer sur le bouton “pause”. Et ce fut le début de la fin.
Comment et pourquoi ? Voyez ci-dessous:
Sources et inspirations: à force des les lire ou de les regarder
Bon, pour pas faire dans l’original, ce type là, farfelu au possible est tout simplement l’inspirateur N°1 et je crois que ça l’est pour un certain nombre de voyageurs:
Si vous ne savez pas qui c’est, je vous invite à en savoir plus par ici: Antoine de Maximy – J’irai Dormir Chez Vous. En gros, pour faire court: Antoine, muni de ses caméras parcourt le monde avec pour objectif de rencontrer les gens en allant dormir chez eux.. Ni plus, ni moins.
But de l’opération: montrer que partout il y a des gens “bien”. Ce qui ne veut pas dire que l’inverse n’existe pas. Là n’est pas la question.
Ensuite, en beaucoup plus original, il s’agit de ces deux loustics:
Nans et Mouts de Nus et Culottés ont un concept farfelu qui consiste à partir à poil presque sans rien dans un endroit (la baie de Somme) afin de réaliser un objectif (faire du vélo aux Pays Bas) et en se munissant de leur optimisme et volonté, en faisant du troc avec les gens rencontrés.
But de l’opération: montrer que tout est possible, et que dès lors que l’on passe le seuil de sa porte, c’est déjà du voyage si on a l’état d’esprit pour !!!
Je citerais aussi volontiers certains écrivains qui ont contribué à façonner mon imaginaire autour du voyage: Nicolas Vanier, Sylvain Tesson pour certains de ses récits…Et plus récemment ce livre: La Bible du Grand Voyageur. Pour les blogs, allez voir les liens.^^
Non pas que tous ces voyageurs soient tous logés à la même enseigne de la lenteur, mais ces “diffuseurs d’expérience” à leur façon, contribuent à mettre en avant des attributs du voyage lent, que cela soit:
- par la confrontation directe avec la population autochtone dans un train, en bus, en auto-stop ou lors d’un hébergement;
- par la force des jambes, pour mieux s’imprégner des paysages et sentir la progression du changement;
- par l’audace et le culot de l’entreprise d’expériences “alternatives” et différentes de notre quotidien, permettant de s’ouvrir l’esprit;
- par la force mentale lors de la réalisation de défis sportifs pour sortir de notre zone de confort et ainsi mieux connaître ses propres limites.
Projections pour les 7 mois à venir
Revenons un instant à un peu plus d’introspection pour mettre en avant des envies plus précises. Fort de quelques expériences “réussies” pouvant être de l’ordinaire ou le quotidien de nombreuses personnes (je n’invente strictement rien), comme:
- planter sa tente dans le jardin d’une grand-mère;
- faire du stop sous la pluie/vent et grâce aux conducteurs, visiter les coins au passant avant de se faire déposer à une gare;
- perdre son chemin quelques instants et tomber sur un groupe d’amis pour finir par partager un après midi avec eux;
- être logé dans une guesthouse, se faire servir un alcool fort à 9 heures du matin par le doyen de la maison;
- partager son repas et jouer aux cartes dans un train;
- profiter en étant absolument seul, des murmures de la nature à la tombée de la nuit lors d’un bivouac
C’est ainsi qu’il n’est pas étonnant que je me mette à regarder les techniques pour faire du bateau-stop (pratique pour aller en Tasmanie ^^), ou encore de me renseigner en douce sur les possibilités de woofing, HelpX en ayant un visa normal, ou encore de réfléchir à différentes techniques pour planter la tente chez les gens et par là même les rencontrer, sans pour autant être intrusif. On verra si j’aurai le culot, le courage, l’inconscience ou la folie douce d’oser !
Notons que j’ai déjà le “culot” de vouloir entreprendre la traversée de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande avec un vélo acheté à l’arrache, sans véritable anticipation sur un itinéraire à effectuer, ni expérience de la randonnée itinérante en vélo. Ainsi que de vouloir enchainer sur la traversée de l’île du Sud de ce même pays, à pied, durant 2 mois et 1400 kilomètres (sur le Te Araroa Trail) alors que jusqu’à présent, mes randonnées ne dépassent guère les 5 jours !! Sans compter auparavant, le fait d’aller seul dans le wilderness peu fréquenté mais apprivoisé (balisage et infrastructures sont de la partie) de la Laponie suédoise durant une semaine entière (Padjelanta/Sarek). Et probablement rebelote en Nouvelle Calédonie et Tasmanie !
Ambitieux ? On verra.
Quoiqu’il en soit, qu’il est bon de rêver avant de partir. Mais la liberté qu’offre le voyage lent n’est pas si simple à apprivoiser !
Très joli post, rêveur à souhait…je mettrais un bémol à Antoine de Maximy, originaire de mon village actuel, avec lequel j’ai pu discuter une fois et qui m’a fait forte mauvaise impression (un peu jme la pète, achète mon livre plutot que me poser des questions, jme fais chier là…bref, déçu de la rencontre).
Nans et Mouts l’année dernière m’ont bien fait rêver, tant le concept était original, et leur personnalité attachante et “nature”.
Après, ce qui m’a donné l’envie de voyager, c’est d’abord des personnes rencontrées, des blogs arpentés…en voyage une finlandaise qui m’a fait découvrir le couchsurfing, les premiers voyages qui au final te donnent envie de découvrir aussi, beaucoup plus en avançant dans l’âge que quand j’étais jeune, gros regret d’ailleurs de ne pas en avoir profité !
Maintenant, j’ai du mal avec les voyages express, tu vois ce qu’on te dit (ou les guides) de voir, mais tu passes à côté de très belles choses, et partir dans une région “limitée”, à pieds, ou en voiture mais en restant et en visitant sans contraintes d’horaires, c’est vraiment super !
Après, beaucoup de lectures, Nicolas Vanier bien sur, Rick Bass, Pete Fromm (vraiment top Indian Creek !!!)
Je t’envie en tout cas, tu vas t’éclater !
Merci nico 🙂
les envies de voyage remontent à très longtemps, mais pas à imaginer que cela soit comme maintenant !!!
Pour Antoine de Maximy, pour avoir vu des itw de lui, ça se sent que c’est un « personnage public » dans son discours, même s’il est humanisant… Et ce n’est pas le seul à avoir une sorte de façade, c’est le « milieu » qui veut cela….
Enfin si je peux le rencontrer, ça serait volontiers pour me faire un avis et avoir une photo pour se la péter !!
J’hallucine, je suis en train de préparer un billet sur l’inspiration et l’égoïsme (prendre son temps pour s’écouter, se “pauser”, tout ça tout ça…). Bref, on est quasi synchro dans nos réflexions d’avant voyage je crois 😉
C’est nouveau cette idée de vélo ! C’est géant !
Niveau mode de transport – d’hébergement dits “alternatifs”, je ne peux que t’encourager, étant adepte du couchsurfing et d’HelpX. Ose, je t’en supplie… On lâche prise assez vite, et le “courage” nécessaire au début s’appréhende de plus en plus facilement. Immersion garantie, routine impossible. J’ai récemment découvert Warm shower aussi, un peu le même principe que couchsurfing mais au lieu du canapé, le concept “de base” est une douche chaude. Un site très utilisé par les cyclistes-campeurs notamment. Et le bateau-stop, youhouh !!!! Si j’en ai trouvé pour l’Alaska, tu vas dégoter ton bonheur en Océanie.
“Vouloir arrêter la voiture et marcher. Et ce fut le début de la fin”. Rhaaa c’est ça! Bref. Toujours un plaisir de passer par ici, que ce soit photos, liste matos et conseils pratiques, ou “un peu plus personnel qu’à l’accoutumée” 🙂
Merci Sophie pour ces quelques nouvelles inspirations (warm shower), je vais aller voir cela de ce pas !
Pour le reste, CQFD 🙂
Arrivé ici par hasard (comme souvent) je ne peux qu’abonder dans ton sens. Rien n’est plus enrichissant que d’avoir le temps – le luxe ! – de pouvoir prendre le temps. Apprendre à connaitre un peu plus les gens que l’on rencontre ou un lieu précis, pourtant sans intérêt particulier au premier abord, lâcher prise, prendre du recul…
Personnellement il me semble que c’est toujours un peu difficile de « choisir » ce lieu magique, c’est toujours un peu la roulette, on est pas à l’abri d’un bon gros plan loose et … chaque embranchement est une telle myriade d’opportunité. A mon humble échelle, à chaque fois que j’ai eu la chance de vivre une de ces petites parenthèses, j’ai l’impression que c’est elles qui me trouvaient plutôt que l’inverse : un enfant qui te traine chez lui sans que tu comprenne ce qu’il veut, un pneu de vélo crevé, un orage de mousson, une pause café qui finit tard dans la nuit, etc etc…
En tout cas je te souhaite pleins de ces petites bulles sur ton chemin 🙂