Tant de fois en regardant les mappemondes et en direction du Nord, mes yeux bloquaient sur Tromsø. Située au delà du 66ème parallèle marquant la limite du cercle polaire arctique, elle évoque beaucoup de choses: les aurores boréales, la nature brute, la neige et le froid. Mais pas que. C’est ce que j’essaie d’apporter dans cet article alors que j’arrive tout droit de Narvik.
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Tromsø, ville moderne de caractère
D’une taille de 65 000 habitants, Tromsø ou devrais-je dire Tromsoe en alphabet français donnerait l’air d’une banale ville de province française mais en Norvège, cela revient presque à une grande ville, capitale du comté de Troms qui plus est. Ne pas se fier aux panneaux incitants à la tranquillité !
De ce fait, elle se modernise en se dotant notamment d’une université accueillant de nombreux chercheurs liés au monde polaire. De nombreuses autres infrastructures d’accueil du public et culturelles sont là tels Polaria, la cathédrale arctique. En effet, le tourisme lié aux aurores boréales et aux activités sportives d’hiver représente jusqu’à 40% du chiffre d’affaires de la ville, point étonnant de voir là une ville dynamique.
D’un autre côté, les maisons en bois étalées dans toute la ville y sont toujours légion, afin de conserver une certaine tradition liée au passé rural et essentiellement agricole de la Norvège. Et pour être honnête, les maisons en bois, c’est ce qui fait tout le charme de ce pays nordique discret. Et de toute façon, ce n’est pas la place qui manque pour s’y installer.
La cathédrale arctique de Tromsoe et la cathédrale de Tromsoe. Quelle différence ?
Construite en 1965, la cathédrale arctique, à priori, n’est pas à proprement parler une cathédrale mais plutôt une église paroissiale. La « vraie » cathédrale est plutôt celle du centre ville peinte en jaune et …. en bois. Bref, restons à l’arctique dont le nom doit certainement réjouir les chargés de marketing des opérateurs de tourisme. Bien que l’aspect extérieur attire l’œil de par sa position stratégique dans la ville, l’intérieur, moyennant une petite commission vaut encore plus le coup:
Les formes carrées, rigides du toit se mélangent harmonieusement avec l’ambiance colorée et chaleureuse des lustres. Une forte incitation à s’asseoir sur un banc pour méditer quelques minutes. Maintenant, direction l’autre cathédrale, celle du centre-ville et nettement moins imposante. Un passage sur le fameux pont de Tromsø permet de mieux se rendre compte de la position stratégique de la cathédrale. Soit juste après le pont, point névralgique de la circulation automobile et quasiment visible depuis partout sur les hauteurs en ville.
La « vraie » cathédrale de Tromsø, plus petite et discrète donc, se fait à peine remarquer en centre-ville. L’exposition changeante de l’église face au soleil la rend difficile à photographier correctement. Le jaune y est vraiment éclatant et le bois assez ancien donne un air rustique, peut-être désiré. Cette cathédrale me fait penser à de nombreuses églises entre aperçues en Estonie.
Une ville proche de la nature et aux couchers de soleil éblouissants
Juste pour introduire ce paragraphe, voici un coucher de soleil, depuis la fenêtre de chez mon hôte Couchsurfing:
Ca, c’est en été. Rajoutez la neige en hiver, la nuit polaire, les aurores boréales, ça donne très certainement quelque chose proche d’une tuerie totale. Pardonnez-moi mon enthousiasme non dissimulé mais juste:
Quelle chance qu’ils ont ces norvégiens du Nord !
Inutile de faire le parallèle avec notre bon vieux pays, tant cela n’est point comparable en terme de latitude et même de densité géographique. Bien que Tromsø soit une ville avec un certain nombre d’équipements pour contenter les citadins, une grande partie des norvégiens se veut proche de la nature. Et pour cause, quasiment dès la porte de leur maison, ils ont accès à la nature ! Randonnées à ski en hiver, randonner à pied et vélo l’été ! Les montagnes sont toutes proches sans compter la mer. La famille est aussi une notion importante et quasi-exclusive dans le sens où le babysitting y est vu comme un concept étrange. Le norvégien, s’il est parent se voue corps et âme à sa famille.
Proches de la nature, simplicité apparente, famille forte, tout le monde sur le même pied. De ce fait, l’apparence, la tenue vestimentaire n’importe que peu. Les paillettes, c’est pour Oslo, à ce qu’ils disent. Nombreux sont-ils à porter leur veste Haglöfs tous les jours et à se déplacer, tout simplement en vélo.
L’omniprésence de l’eau à Tromsoe
C’est aussi une particularité de ce fabuleux pays: la mer taquine sans cesse la montagne. Les deux forment un tout, intrinsèquement liés. De ce fait, la ville a une activité portuaire assez dense, entre transport de fret mais aussi et surtout le fameux Hurtigrüten, une célèbre croisière très onéreuse vous emmenant parmi les sites les plus spectaculaires du pays. Sans compter les nombreux ferrys pour les nombreuses îles, péninsules du Nord de la Norvège. Il est parfois plus rapide de prendre un ferry pour se rendre à un endroit que de prendre la route, serpentant les côtes sinueuses et escarpées.
Paradoxal non ?
Sans compter aussi, les nombreux petits voiliers et plaisanciers qui viennent s’accoster sur les quais. Marcher le long de l’eau offre une belle petite balade pour mieux apprécier le charme des maisons en bois:
Et les gens ?
Être accueilli par deux couchsurfeurs (très) différents est un excellent moyen de faire furtivement connaissance avec la population. Que cela soit avec une norvégienne citadine, calme mais fière de ses racines ou avec un allemand immigré vivant en collocation et qui ne demande qu’à vivre en cabane dans la nature. Le peuple norvégien depuis l’onde de choc lié aux attentats d’Olso, tente de mieux se comprendre. Pour preuve, les dernières élections présidentielles de Septembre ont été très suivies:
On dit des norvégiens qu’ils sont calmes, réservés, peu expansifs. Mais aussi que le week-end, on assiste à un véritablement déferlement de bipèdes se ruant sur la moindre pinte de bière et déambulant dans les rues jusqu’à pas d’heures.
Une schizophrénie ou juste un moyen pour eux de sortir de leurs gonds si précieusement préservés durant la semaine ?
Impossible de confirmer/infirmer ces généralités mais à entendre Joachim, un classique soir de beuverie (soit le vendredi ou le samedi, vous l’aurez compris) où il se veut plus bavard:
Norwegians are boring !
Dit comme cela, le rose ne semble pas être la réponse prédominante si on lui demandait la couleur qu’il donnerait à la vie.
Face à mon grand étonnement de (toujours) constater cette ruée vers la bière à 75NOK/9€ dès le vendredi soir, passé 19 heures, un autre norvégien explique:
I don’t really like to get out. I prefer to stay home but i have to follow and see my friends.
Les videurs des bars veillent au grain: pour prouver que l’on a plus de 21 ans, âge « empirique » donnant droit à la picole en bar, il suffit de montrer sa carte bancaire faisant office de pièce d’identité.
Quant à la couchsurfeuse norvégienne, Siv-Lise, c’est une maladie inclassable selon l’Etat qui l’empêche de pouvoir faire des choses en dépit d’une très grande fatigue. Le meilleur moyen pour elle est de rester éternelle étudiante. Sinon, beaucoup moins de subventions qu’elle aurait, à cause de ce fameux statut inclassable. Imaginez qu’elle vit avec près de 14000 NOK (1700€) mensuels juste par son statut d’étudiante ! Le loyer lui en prend la moitié par mois !
Pendant ce temps là, des tas de norvégiens sont juste heureux de profiter d’un cadre naturel exceptionnel et cela leur suffit !
J’avais adoré cette ville, encore plus ses alentours. A la lumière du jour, elle est belle aussi (j’y étais durant la nuit polaire).
oui j’aimerais y retourner l’Hiver ça c’est très certain !!!
Je n’ai pas vu les Alpes de Lyngen et j’aimerais aller sur ce spot d’aurores boréales recensé à Finnsnes !