Cette histoire de démarrage de voyage tournant à la catastrophe, je me la suis longtemps répétée dans mon esprit. Une histoire où concrètement, rien de nocif ne se passe, mais l’enchaînement, improbable et rocambolesque (digne de Gaston Lagaffe) des évènements a bien failli remettre en cause tout mon “fameux” voyage de 7 mois alors qu’il n’avait même pas commencé depuis 2 jours !
Et dire que …
Tout commença un très beau matin d’août ou je viens enfin d’arriver à Kvikkjokk, porte d’entrée du parc national de Padjelanta, dans lequel j’étais censé aller me promener pendant une bonne semaine. Les affaires avaient été minutieusement préparées pour ce qui s’avérait être mon premier vrai trek en pleine nature, sans accès à la civilisation pendant une semaine. Oui, porter sa bouffe pour 8 jours. Et en solitaire en plus. Autant dire, tu ne fais pas le malin.
Complètement claqué, je n’ai qu’une hâte, c’est de marcher quelques heures et dormir. Et ça a toute son importance.
Alors qu’en attendant la barque pour amener les randonneurs au début du trek je papote avec une française qui souhaite voir la carte topographique couvrant la zone. Sauf que. En la cherchant dans le sac à dos, je ne la trouve pas.
OH FUCK. Elle est où cette putain de carte ?
Fouillant partout là ou elle est censée être sans la trouver, la barque finit par emmener les autres randonneurs et moi restant à quai. La prochaine barque ne passe que le lendemain.
Première boulette, donc. No worries, on s’adapte. Je rachète une nouvelle carte au Fjällstation de Kvikkjokk, passe l’après midi à glandouiller, plante la tente au camping gratuit et papote de temps en temps.
Sauf que gros boulet oblige, j’étale les affaires comme un vieux sagouin dans la tente sans ne jamais les ranger. Y compris la bouffe, censée rester dans le sac à dos.
Pendant la nuit, un écureuil a flairé le bon coup pour se régaler et s’est dit:
COOL, allons faire un tour dans cette tente, y a de la bouffe !
Le dit écureuil fait un gros trou dans la toile intérieure, se sert copieusement, perfore les ziplocks et me réveille en pleine nuit aux aurores en Laponie, c’est à dire 4 heures du matin.
Oups, seconde boulette. Hagard sous le coup du sort mais no worries après réflexion, je mets du duct tape aux deux faces et vas y Sergio, ça devrait le faire ! Quant à la bouffe, ça devrait le faire, faudra juste un peu se serrer la ceinture.
Mais c’est pas fini !
Je démarre le trek, profite des premiers paysages tout en courant désespérément après une vraie bonne nuit !
Midi, il est l’heure de manger et étant mouillée, j’étale la tente pour la sécher en plaçant le sac de tente en dessous du sac à dos. Et quelques secondes plus tard, de remarquer que ce dit sac de tente n’est plus là. Disparu, le sac de tente. Plus moyen de le retrouver, le vent l’a emporté. TADAMMMM. Troisième boulette !
Ça commence à puer du cul, mon pauvre gars. Tu subis tout et ça c’est pas bon !
Tentant de ne pas céder à la panique, -que va t’il arriver encore ?- les prochains pas sur le néanmoins large et facile sentier du Padjelanta sont d’une extrême prudence. Mais il y a une composante technique dus aux marécages de Laponie: les caillebotis. Des planches de bois pour éviter que vos pauvres petits pieds soient systématiquement sous l’eau. Le sentier du Padjelanta en est recouvert dans une bonne partie. Sauf que ça glisse, notamment quand les planches, potentiellement humides sont inclinées en descente.
Et ce qui devait arriva !
Un gentil “zippp” pour me retrouver par terre. ET BIMMM. Pour en avoir discuté par la suite, cela arrive assez fréquemment aux randonneurs. Cependant, un coup d’œil suffit pour constater qu’un de mes bâtons est foutu. Bon à la poubelle ! No worries, c’est du consommable. J’ai physiquement rien de cassé mais par contre:
Ça pue du cul vraiment, fais demi tour tout de suite, bordel !
Hors de question de camper ou quoi que cela soit, je m’arrête tout simplement au premier refuge sur le chemin du retour.
Les suédois, présents au refuge, apprenant mon histoire se tapent des barres de rire en disant “bad luck guy” pendant que j’affronte la désillusion. La nuit sera très très longue et reposante. Pourtant, hors de question le lendemain de repartir. Mon rêve de Laponie s’est effondré. La priorité est dorénavant de trouver une solution pour réparer la tente à Jokkmokk et de passer à autre chose. Inchallah pour la suite.
Ainsi soit. Sur le chemin du retour, en attendant la barque pour Kvikkjokk et en papotant avec un allemand, je me procure à manger dans le sac à dos et devinez quoi ?
Oh bah la voilà cette carte ! Elle était juste très bien planquée. Cool, ça m’en fait 2 maintenant !
Le hasard a fait que les choses ont très bien tourné par la suite: la tente a été réparée par une suédoise “tent emergency”, des suédois mushers m’ont “kidnappé” en stop pour aller au camp de Kallak et m’ont fait voir leurs chiens de traineaux. Finalement, après une bonne journée de récupération, je suis revenu effectuer ce trek en entier. La bête était blessée, mais abattue, ça jamais !
Fin de l’histoire.
La morale: ne partez jamais en voyage sans avoir l’esprit reposé et serein !
Ah oui ça commençait fort .. Bon le principal est que tu n’as pas eu à baisser les bras 😉
Ce sont toujours des histoires comme ça qui nous font sourire après le voyage. En tout cas tu t’es jamais énervé ou paniqué et ça c’est primordial!
Dans le même genre nous sommes tombés en panne de voiture à 4600m d’altiture sur l’altiplano argentin et perdu une après midi à attendre le dépannage… Ca laisse de bons souvenirs quand ça se finit bien 😉
Oui, ça fait bien rire après coup, mais sur le moment pas du tout.
En faite, pris individuellement, ces évènements ne posent aucun problème, mais c’est surtout l’accumulation liée à la fatigue d’avant départ ainsi que cela arrive juste après le départ qui a généré le côté “insolite”.
Eh oui, votre panne sur l’altiplano, j’imagine bien que cela ne devait pas être drôle, mais si cela intervient plusieurs mois après votre départ, vous le prenez peut être plus facilement 😉 dans le genre, j’ai eu d’autres galère par la suite, mais c’était no worries à côté !
Eh bien, on peut pas dire que le voyage commençait bien, mais au moins tu ne l´oublieras pas 😉
C’est marrant le début de ton histoire me rappelle étrangement une des miennes. J’ai rencontré un français (le seul en 7 mois passés en Suède!) au beau milieu de nulle part,enfin pas tant que ça puisqu’il y avait quand même une barque pour rejoindre le chemin dit de Carl Von Linné. Le français en question était en partance pour un long voyage, tout seul, ce qui a fait paraître mon trip en canoe de 10 jours comme un plan un peu miteux. Et là le français en question se rend compte (avec une pointe de panique 😉 ) que la carte a disparu! Je me suis un peu inquiétée de voir ce français si mal organisé partir tout seul, je me suis dit “pourvu qu’il ne se perde pas en plus, ou pire qu’il se fasse bouffer par un ours…et la neige, il a pensé à la neige?”. Alors si c’est bien toi, je suis la dite française rencontrée sur l’embracadère au milieu de nulle part et au bout de la route et je suis ravie de voir que tu es vivant!!! Je vois que tu as également rencontré le musher qui nous a lâché sur le lac avec notre canoé 🙂
Effectivement, la description que tu donnes laisse à penser que le pauvre bonhomme serait bel et bien moi. C’était au mois d’août 2013 à Kvikkjokk et je crois que vous étiez 2 ou 4. En canoé ? Je ne m’en rappelle plus. Et quand j’ai pas retrouvé la carte je suis resté à quai pour en acheter une et suis parti le lendemain. Et comme tu peux le lire dans cet article, d’autres péripéties me sont arrivés. En cause: la fatigue pré-départ de voyage et le stress de tout quitter…
Et juste parce que je n’aime pas trop qu’on me désigne comme “si mal organisé” avant d’aller en pleine nature, surtout après avoir préparé le matériel pendant plusieurs semaines, m’être entrainé sur d’autres sentiers pendant plusieurs mois et soigneusement choisi mon alimentation pour les 8 jours, figure toi que la carte était bien dans mon sac et même trop bien planquée ^^ Ma fatigue m’avait fait la mettre à un autre endroit ou elle aurait du être 🙂
Enfin, le sentier du Padjelantaleden (https://www.pretpourlaventure.com/laponie-randonner-padjelantaleden) et non pas de Car Von Linné était une grande balade que même des gamins de 10 ans empruntent (avec leur père) ^^ Point de neige, ni d’ours (enfin des crottes), quasi aucun danger !
En espérant que votre trip en canoé fut tout aussi sympa !
Et dernier point: comment es tu arrivé ici ? 😀 c’est assez curieux lol
Ahh mais tu partais seulement pour 8 jours!! J’avais cru que tu partais marcher beaucoup plus longtemps que ça, d’où mon inquiétude 😉 Le trip en canoë était grandiose, on s’est quand même fait très peur une fois quand une grosse tempête nous est arrivée dessus et qu’on a failli se fracasser sur les énormes rochers qui tiennent lieu de berges. Je me voyais déjà en train de passer la nuit assise à grelotter par 0°C avec des myrtilles pour tout repas et un vent à décorner les boeufs. On a réussi à accoster, enfin à jeter le canoë sur une petite plage d’une île encore plus petite, on est resté là 30min le temps de criser (pour moi) et de trouver la force de repartir. Le vent était tellement fort que nous sommes restés à terre le lendemain. Puis calme plat les jours suivants, on aurait cru naviguer sur un miroir, c’était splendide!