Ah, le lac Baïkal. Nous y voilà, on l’attendait de pied ferme.
Ce lac suscite l’imaginaire de chacun, car on en a forcément entendu parler, mais on est aussi très souvent incapable de le situer sur une carte.
En effet, il s’agit ni plus, ni moins de la plus grande réserve d’eau douce au monde, du fait que la profondeur du lac atteint 1600 mètres, et sachant que l’altitude moyenne du lac est de 400 mètres ! Rajoutez à cela que plus de la moitié de l’année, le lac est gelé et qu’il est situé en pleine Sibérie, sauvage et au climat rude.
Ça s’annonce réjouissant, n’est ce pas ?
Irkoutsk, la ville passerelle
Autant vous le dire tout de suite, Irkoutsk, tout le monde y passe, mais personne ne s’y arrête vraiment. Une promenade d’une demie-journée complétée par la visite du musée de la vie quotidienne (que nous n’avons pas eu le temps de visiter) suffit largement pour s’en faire une bonne idée.
L’atmosphère y est douce, lente et agréable. L’architecture n’est pas uniforme, on y voit des immeubles délabrées à côté d’isbas reluisantes ou encore des déchets trainant par ci et là. Le centre-ville est animé par ses nombreux magasins et sonne comme une piqûre de rappel européenne ! A noter aussi, la diffusion de musiques un peu de tout style, dont notamment du Joe Dassin et des élocutions bien évidemment incompréhensibles aux non russophones . En blaguant, je dis “c’est la propagande” ^^ Mais arrêtons nous à ces clichés là pour plutôt parler du lac Baïkal qui ne passe par la ville mais est tout proche.
En résumé, Irkoutsk est le camp de base pour tout accès au Baïkal. C’est justement de là que nous pourrons aller à Litsvianka et sur l’île d’Olkhon. C’est de là aussi qu’il est possible d’aller sur le Circum-Baïkal ou de rejoindre Oulan Oude (non visités).
La rive Ouest: Listvianka
Une petite négociation de masrutka (100RUB/1h de trajet) et nous voilà rendu à Listvianka sur la rive Ouest du lac. Le village est réputé pour son poisson fumé, l’omoul vendu en masse au marché de Listvianka. La hargne des vendeurs est telle que je me crois de retour en Chine.
Tout le village s’étire en longueur au bord du lac Baïkal, encore gelé. On serait tenté de marcher, mais nous ne prendrons aucun risque, alors qu’un petit chien se promène sur la glace sans se poser de question. Le village me laisse circonspect, car entre les petites isbas reflétant bien le caractère anciennement “rustique” des lieux, on y voit à côté des hôtels et villas luxueuses en cours de construction. Le profit commence à entrer dans les mœurs. C’est ce que j’ai ressenti, au travers des échanges, notamment lorsqu’en compagnie de Jack, un australien, nous voulions manger sur la plage mais qu’il fallait négocier âprement le tarif des brochettes de poulet et qu’une fois assis, on vient nous rappeler qu’il faut payer la table !
Je crois que le consumérisme s’empare de ce village, qui petit à petit perd de son charme. C’est dommage au milieu de ces montagnes et forêts commençant à même pas 10 mètres du lac. Il y a juste deux rues qui parviennent à rentrer dans les terres:
En venant en Russie, nous voulions effectuer une randonnée sur plusieurs jours. En faire une depuis Listvianka aurait été possible, en empruntant les sentiers du Great Baikal Trail, grand projet visant à pouvoir boucler à pied le lac Baïkal. La section depuis Listvianka fait autour de 55 kms et va jusqu’à Bolshoi Goloustnoe.
Néanmoins, nous avons fait un petit tour, histoire de s’imprégner de la forêt sibérienne:
La photo n’a quasiment aucun intérêt mais c’est peu après que nous ferons la rencontre la plus improbable du séjour: un couple de russes, originaire de Moscou venant aussi profiter de la nature, se prélasse sur l’herbe et nous invite à partager quelques verres de vodka autour d’un bout de pain et de saucisse ! Comme d’habitude, pendant ces dizaines de minute, la communication sera délicate, mais réelle et sincère.
Allez bon, fini le blabla sur Listvianka, je suis sur que vous vous impatientez de voir enfin des photos du lac Baïkal gelé. En voilà:
Ne vous méprenez pas, point de péripéties pour réaliser ces prises de vue, mais juste la glace qui vient percuter la plage de sable de Listvianka. Des formes géantes se construisent ce qui donne cette impression de chaos. De plus, le soleil est magnifique ce soir, son coucher est très appréciable:
Cette dernière photo à mon sens vous permettra de mieux juger de comment c’est réellement. Vous y voyez la glace être là jusqu’aux bancs de sable, encore gelés.. Du sable vraiment dur, vous connaissez ?
Ce qu’il faut remarquer aussi c’est qu’à proximité immédiate du lac, il fait vraiment froid, comme un congélateur en permanence ouvert et diffusant du froid. Doudoune, gants et bonnet sont de sortie, d’autant plus que le vent en remet une couche. Par contre, une fois dans les terres, à moins 200 mètres, vous pouvez ranger le tout et être en tee-shirt. La différence de température est littéralement sidérante.
Sur la route de l’île d’Olkhon
Nous avions choisi cet endroit pour y stationner plusieurs jours et profiter de la nature omniprésente pour y effectuer une randonnée itinérante. Ce périple sera raconté dans un futur billet, car il constitue une aventure à part entière et la préparation ainsi que les informations utiles y seront détaillées.
Mais se rendre à l’île d’Olkhon à bord d’une masrutka, c’est être projeté de plein fouet dans la rudesse du climat et de la nature sibérienne:
Étant donnée la période de fonte de glace, l’île n’est joignable que grâce à un service d’aéroglisseur. Être dedans et surfer sur la glace est assez impressionnant:
Au retour, 6 jours se seront écoulés et la glace a eu largement le temps de fondre en grande partie. On aura quand même un sérieux coup de flippe, car OUI, le coup de la panne en plein milieu du lac, ça nous l’a fait ! (j’avais l’avion du retour le lendemain ^^) Heureusement, un petit bricolage et hop ça repart !
Ile d’Olkhon
D’une longueur de 70 kms et de 15kms de largeur, d’une beauté présentée comme magnifiée, l’île est aussi connue pour sa population à majorité bouriate et est considérée comme le centre du monde chamanique du Nord.
A proximité de Khuzir, le “gros” village de l’île, le rocher du chaman est accessible et laisse ouverte la porte à la sidération, à l’étonnement, à la contemplation de l’immensité du lac figé:
En marchant un peu sur les falaises, d’autres angles de vue se dégagent, mais toujours ce silence, si fascinant au milieu de quelques cris de mouettes:
La suite ?
Eh bien, dans un autre billet dans lequel je relaterai notre randonnée itinérante de 4 jours sur l’île d’Olkhon au milieu de la steppe, des collines, des falaises et plages donnant vue sur le lac toujours gelé.
Quelques anecdotes
- En république de Bouriatie dont l’île d’Olkhon fait partie intégrante, avant de boire de la vodka, la tradition est de tremper l’annulaire dans le verre, puis de toucher le sol avec.
- J’en parlerai dans le récit de notre randonnée, mais le vent est omniprésent sur l’île d’Olkhon. Le problème est que la direction est ultra changeante.
- A Litsvianka ça n’a pas loupé ! Le chauffeur de la masrutka, probablement d’origine chinoise a essayé avec succès de nous arnaquer. Bilan: 100RUB pour le transport de nos sacs. Bien entendu, nous n’avions pas à payer, mais sur le coup, on se fait toujours avoir la première fois avant d’être plus méfiant et ferme.
- L’esprit chamanique est tel que sur l’île d’Olkhon, nos chauffeurs se sont arrêtés devant une statue située sur le bord de la route, histoire d’y exercer leurs croyances.
Bon le froid, la glace, tout ça ce n’est pas trop mon truc mais là t’es sacrément convaincant ! C’est agréable comme récit entre anecdotes, détails pratiques et ressentis puis les photos wahou… Ça va donner quand tu seras en NZ 😉
Ces étendues blanches entourées de montagnes me rappellent Uyuni et Atacama…
Belles photos, impressionnant de voir tout ça gelé jusqu’au bord…
Ceci dit je pense que j’aimerais mieux y aller à la période chaude, je dis peut-être ça parce que j’en ai marre du froid ^^
Pénible sinon les escrocs, dans le top des plaies en voyage je crois que c’est très haut, avec les moustiques et autres paperasses administratives…
Rien à redire si ce n’est merci pour cette petit claque visuelle matinale du lac Baïkal a moitié gelé avec pour arrière fond un coucher de soleil magnifique. Assurément une destination pour la #TeamGivrés. Le silence, l’immensité des paysages, la présences mystiques des peuples aborigènes (dans le sens intrinsèque) ça me rappelle des souvenirs.
@Maïder: tu fais bien de parler d’Uyuni car au début, en voyant ces immensités, j’avais en tête la vidéo de ton pote japonais ^^ Sinon, tu sais ce qu’il te reste à faire ^^
@Maïder et Nicolas: En été, il peut faire très très chaud, 30°C facile même, c’est un climat très continental mais c’est hyper fréquenté l’été.. A notre époque début Mai, il faisait autour de 15°C (10°C sur l’île d’Olkhone) en journée en général, même si le vent rafraîchit le tout…et surtout beaucoup moins de monde..
et ben pour moi Irkoutsk, c’est Michel Strogoff, ou le Dr Jivago.
Oui je sais ce sont des références que les moins de 20ans ne peuvent pas connaître.
Mais cela m’a toujours fait rêver…………….. Veinard
Encore plein de belles photos et plein de belles histoires, MERCI
Bisous