Ce voyage en train depuis Paris à la Laponie est une nouvelle expérimentation à grande échelle après avoir été de Stockholm à la Laponie en train et une descente depuis Rovaniemi à Helsinki lors d’un voyage en train en Finlande. Cela aurait pu être directement depuis la gare de ma ville mais j’étais de passage à Paris. Ce long trajet en train est également un moyen de voyager sans avion en Europe du nord.

Reportage et informations pratiques à la fin de l’article.


KM 0

Gare de l’Est, Paris, 20h25.

Un pote rentrant de voyage m’accompagne sur les quais. A mon tour de partir, direction le fin fond de la Laponie et la Norvège en train depuis Paris. A peine installé, le rituel immuable commence: la fameuse prise électrique pour charger le smartphone. Un écran indique la vitesse du TGV: 313 km/h, comment alors bien apprécier les paysages, même ennuyeux ?

Pour le moment, le voyage flirte avec un énième déplacement hexagonal, appareil photo précieusement rangé.

KM 492

Strasbourg, 22h44. Terminus, tout le monde descend.

Je laisse les autres se précipiter. Le train transfrontalier pour Offenburg est sur le quai du fond. J’ai le choix entre maintenant ou attendre le prochain. Quitte à courir pour l’attraper, vraiment maintenant dans la nuit noire. Dans le train, l’atmosphère est cosmopolite à en croire les teints des visages, le franchissement du Rhin et les annonces multilingues.

KM 515

Offenburg, 23h18. Terminus, tout le monde descend.

La ville n’est pas très sexy de nuit, les lumières sombres et le crachin, qui décidément sait s’exporter de la Bretagne, est de la partie. Je tourne en rond dans le quartier inhospitalier à proximité de la gare pour finir par m’asseoir sur le quai de mon futur train. Glauque image d’un vagabond dans l’attente. Une autre personne est présente et dort pour passer le temps. Cherchant le sommeil je crois rêver lorsqu’un travailleur vient ravitailler les distributeurs de friandises en pleine nuit, au moins il ne craint pas la foule. Arrivé dans un grand vacarme, le train et l’intérieur des wagons-couchette ressemblent à s’y méprendre à ceux de l’Hexagone avec aussi peu de place.

La nuit poursuit son cours avec des sursauts mais force est de constater que la précoce lumière matinale ne s’en ira pas, c’est une incitation à se trainer, yeux éveillés dans la couchette sommaire puis à se lever. Je découvre alors, fenêtre ouverte, le bruit que génère le train. Dans bien d’autres trains, il est impossible de les ouvrir. Le claquement des rails associé à la vitesse du train peut parfois faire craindre le pire.

Mais ne dit-on pas que l’ingénierie allemande est fiable ? La fenêtre ne restera pas ouverte longtemps, le paysage urbain et industriel ne favorise guère la contemplation.

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KM 1212

Hambourg, 8h24. Terminus, tout le monde descend.

L’aspect grandiose de la gare permet aux moins matinaux de finir leur réveil. 5h d’attente avant le train pour Copenhague. Je tente de magouiller pour prendre le prochain train. Mais c’est un NEIN poli qui m’attend en retour même en feintant de ne rien comprendre au système des billets allemands. Un tour dans la ville et j’inaugure les premières pages d’un livre de Jack London pour passer le temps. Un frites-wurst histoire de me remplir le ventre, qui trop rempli, préférera partager le reste avec un autre voyageur.

13h30, le train pour Copenhague démarre. Le train est propre, moderne et sans chichi. Les regards échangés avec les autres voyageurs sont brefs, mieux vaut ne pas déranger l’autre. Y faire une sieste sans éteindre mon appareil auditif me semble enfin possible. Que dire des paysages traversés ? Plat, comme dirait Obélix à la suite de son aventure en pays helvète. Parfois entrecoupés de champs d’éoliennes. Puis vint la mer signifiant l’arrivée à Puttgarden d’où le train entre dans un ferry en direction du Danemark.

C’est la surprise de ce trajet, ferry, tout le monde descend.

Respirer l’air iodé de la mer Baltique fait du bien. Un couple se prend en selfie devant des douaniers amicaux, incarnés par les oiseaux marins tout heureux de nous accompagner, est-ce bien réglementaire ? Les maisons colorés du Danemark se distinguent et grossissent à vue d’oeil au fil de notre avancée jusqu’à toucher pied à terre. Dès lors dans le train, c’est changement de ton. Apparaissent les douaniers vérifiant les papiers et la tonalité du speaker est plus hachée, telle une voix avec une patate chaude.

La suite n’est qu’une lente approche vers la capitale. Copenhague se mérite.

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KM 1549

Copenhague, 18h22. Pas terminus, je descend. Le trajet depuis Paris vers la Laponie fait une pause.

Le train continue vers son terminus à Østerbro, le quartier Est. Je retrouve la ville qui a marqué une partie de ma vie après y avoir vécu quelques mois il y a de cela 10 ans.

Deux jours plus tard, 11h22, direction Stockholm. Ici le passage frontière se fait dès la gare. Le train gris annonce t-il un trajet monotone ? Hélas je le crains. En terme de paysage, la Suède du sud n’est pas forcément mieux lotie que le Danemark. La Suède, il faut la chercher autrement. Le symbolique pont d’Öresund est franchi à pleine vitesse. Les gens se lèvent pour tenter de voir la mer mais nous distinguons surtout l’édifice lui-même. La suite du trajet est monotone comme je l’envisageais. Alors le repos et des lectures succèdent à la contemplation. Entre deux siestes, l’évolution des paysages est flagrante: les champs laissent place aux forêts.

Est-ce les prémices du Grand Nord ? Nous ne sommes qu’à la moitié du trajet.

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KM 2206

Stockholm, 16h39. Terminus, tout le monde descend. Je suis déjà venu à Stockholm pour 3 jours, je n’ai pas besoin de m’y arrêter outre mesure.

Juste le temps de dizaines de minutes avant de filer vers Hudiksvall et enfin le train de nuit aboutissant à Narvik. Ne cherchez pas à comprendre la logique de cet itinéraire calculé par une application. Dans le train, rien de bien nouveau à l’horizon.

Sauf une chose.

Mon norvégien de voisin tape le casse-croûte à l’heure suédoise et me propose du jambon. Que j’accepte en échange d’un bout de sauciflard, qui a toujours autant de mal à avoir du succès hors de nos frontières. Puis sur un coup de tête, je lui demande des adresses de ferme en Norvège du Nord histoire d’y rester quelques jours. Positif.

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KM 2503
Hudiskvall, 19h52. Pas terminus, je descend.

30 min avant que le mythique train de nuit ne débarque. Les randonneurs se distinguent aisément du lot alors que seuls mes bâtons de randonnée me permettent d’être démasqué. Le reste de mon attirail a tout du type vagabond, chaussures de trail flashy compris. D’abord assis dans un compartiment places assises où les gens discutent de bon gré, je change rapidement de place pour être plus au calme. Le soleil rase la forêt, les lumières ressemblent désormais à celles du Grand Nord.

Je me souviens, lorsque j’avais déjà pris de le train de nuit de Stockholm pour la Laponie, sous le costume d’un autre type, apeuré et angoissé à l’orée de ce grand voyage qui allait le changer à tout jamais. Et là, je suis en train de m’allonger sur deux sièges, habillé en utilisant techniques et astuces pour être au mieux. Le sommeil est chaotique en ce journuit, par vagues d’arrêt de train.

Car la nuit ne vient pas. Elle a beau essayer mais elle n’y arrive plus. Le ciel s’étire dans un bleu gris mais rien de rien. Non la montre n’est pas en panne et oui, la nuit a disparu net. C’est le soleil de minuit visible en Laponie qui approche.

De plus en plus de randonneurs prennent place dans le train avec leurs bottes en cuir et leur sacs à dos géants. Le Grand Nord approche définitivement, lentement mais sûrement et surtout interminablement. La forêt l’est tout aussi, laissant aucun espoir à des paysages avec vue. Pour cela, il faut aller plus au Nord, quelques heures plus tard. Le cercle polaire est franchi et en 3 ans l’ambiance n’a pas changé. Toujours aussi mystique. Je contemple la vitre cherchant une place où construire hypothétiquement une cabane en bois. Kiruna, glauque par temps nuageux me sort d’une belle rêverie.

A l’approche des montagnes, le ciel s’éclaircit et les gens se réveillent enfin. Un tour à la cafétéria n’est jamais de trop pour garder le rituel du petit-déjeuner. Longue vie au free-refill du café. La vie reprend son cours dans le train, les visages collent dorénavant aux vitres et aidés des smartphones, les paysages sont immortalisés.

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KM 3537

Pas terminus, je descend. Abisko, 13h32. Direction le centre du parc national pour y planter la tente et profiter des lieux. Le train lui continue jusqu’à Narvik en Norvège.

Cela valait le coup de faire Paris à la Laponie en train. Voyez plutôt.

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Vous souhaitez voyager en Laponie sans vous prendre la tête ? C’est exactement le boulot de ces agences de voyage partenaires, profitez-en ! *

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Informations pratiques pour faire Paris Laponie en train

Le trajet en lui-même est compliqué à réserver car il faut passer par trois agences différentes:

  • une française pour le trajet entre Paris et Hambourg
  • une allemande pour le trajet entre Hambourg et Copenhague
  • et une suédoise pour le trajet entre Copenhague et Abisko

Indiquez bien ces trajets et tout se passera plus facilement, il faut néanmoins bien vérifier que les dates et heures concordent. Le plus cher au prorata des kilomètres est le trajet entre Paris et Hambourg pour lequel il n’existe pas de réductions. Entre Hambourg et Copenhague, on peut voyager pour 40€ avec des billets primes tandis que le long trajet entre Copenhague et Abisko se négociera autour de 100€ ce qui est raisonnable compte tenu de la longueur du trajet.

En gros, je peux affirmer que l’on peut se rendre à Abisko pour le même prix qu’un billet d’avion si on s’organise à l’avance bien entendu. Si vous désirez plus d’inspirations, je vous invite à lire le livre Trains de nuit, 30 trajets en Europe dont j’ai eu l’honneur de contribuer.

Où dormir en Laponie ?