Je dois vous faire une confidence: entre mon premier voyage en Laponie et celui qui va arriver j’étais censé en faire un autre, toujours en Norvège du Nord. Les billets d’avion étaient dans ma poche et pourtant j’ai pris le luxe de ne pas honorer ce voyage. D’ordinaire économe j’avais claqué 375€ pour du beurre, le genre de choses qui ne me ressemblait pas. Et pire encore, j’avais aussi claqué 560€ la veille au lendemain pour un “voyage” cette fois-ci réalisée quelques semaines plus tard mais complètement bidon. Cela ne me ressemblait toujours pas.

Bref, ce voyage non honoré, c’était 1 mois de HelpX au sein d’une famille allemano-norvégienne dans l’archipel des Vesterålen au lendemain de mon grand voyage en Océanie. J’espérais y voir de la neige, des chiens de traineaux et aussi des aurores boréales. Mais, l’esprit en vrac face à tant de décalage, je n’arrivais plus à me projeter au delà de l’heure suivante. Me poser était ce qui me semblait nécessaire.

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Annulé donc ce voyage aux Vesterålen. Mais quelque chose me disait que je reviendrais dans le coin. Et ce ne sont pas les campagnes marketing pompeuses des promoteurs touristiques (et parfois ne respectant pas leurs engagements) qui y sont pour quelque chose mais bel et bien un amour de ces terres nordiques.

Et donc en 2016 ?

A l’heure où vous lirez ces lignes, je serai probablement dans un train en direction du Danemark, dans un premier temps.

Pour une fois, l’enchaînement du voyage est relativement établi puisque pendant 2 semaines, je serai accompagné de ma famille. Avant qu’ils n’arrivent à Tromsø, je prendrais le temps, comme pour un pèlerinage, de revenir sur les traces de mes premières aventures en terre étrangère, à Copenhague donc, là ou 10 ans auparavant j’étais resté quelques mois pour un stage d’études.

Mais puisque c’est toujours le Grand Nord qui m’attire, je reprendrais quelques jours plus tard le train en direction de la Laponie norvégienne et plus précisément sur le plateau du Finnmark.

Que ferais-je là bas ? Aucune idée, si ce n’est que je veux rencontrer des gens et écouter leurs histoires. Cela fait partie des choses que j’aimerais essayer depuis mon article Réinventer le voyage.

Durant le temps du voyage avec ma famille après nos retrouvailles à Tromsø, nous irons à la découverte brève d’une partie de l’île Senja, des Alpes de Lyngen et de Kilpisjärvi (en Finlande) avant d’établir une base à Harstad pour un petit trek sur l’île d’Hinnøya. Une partie de voyage classique, organisée mais aussi symbolique. Vous verrez plus bas pourquoi.

La fin, en solo de nouveau laisse plus de latitude quant à mes projets sachant que j’amorcerai la descente, une nouvelle fois en train depuis Mo i Rana pour arriver à Genève, pas loin de chez moi, 57 h plus tard.

Une nouveauté: le voyage sans avion

Vous avez pu le remarquer, j’insiste pas mal sur la notion du voyage en train.

Tout remonte au vol m’emmenant en Afrique australe en janvier dernier. Depuis le hublot je contemplais avec frustration le rift du Kenya et tous les volcans fantastiques et des dizaines de minutes plus tard, c’est un tout autre paysage qui s’affichait depuis le hublot. Tout allait vite,  je n’étais là que pour survoler d’un point A à B sans pouvoir mesurer le chemin parcouru, soit 13 127 km par la route et autant d’impacts possibles et différents.

Voyager loin, très loin a pourtant un coût conséquent pour la planète -je pourrais développer mais je m’arrête là. Depuis ce vol, j’ai pris la résolution de limiter au grand maximum les voyages en avion. Quitte à ne voyager qu’en Europe, ou en France même. On oublie souvent que le Maroc, l’Écosse, la Turquie et même les îles Féroé/Islande sont des destinations accessibles hors avion malgré un temps conséquent de déplacement. Dans ma philosophie, c’est ça toute la richesse et la cure anti-blasage du voyage: voir que l’on en a “chié” pour arriver là.

Je ne me veux être pas moraliste, cependant alors que je revendique l’absurdité de la construction de l’aéroport NDDL, il me paraît évident de proscrire l’utilisation des avions, en commençant par moi-même. Pour démontrer que c’est possible et que cela fait partie du voyage comme pour l’expérience du Transsibérien.

Ca c’est mon truc du moment, les autres font ce qu’ils veulent mais si je peux montrer l’exemple, tant mieux !

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Un projet familial

Je vous parlais du contexte symbolique de la partie du voyage avec ma famille. Mes parents ont l’habitude de partir en vacances avec leur camping-car acheté avec leurs deniers à la retraite de mon père. Quelques fois à l’étranger mais plus attirés par le sud, ils ne se sont jamais aventurés au delà du nord de Paris. Bien que mes récits passionnés du Grand Nord les intriguaient, ils n’avaient pas franchi le cap de s’organiser un voyage aussi loin juste par eux-mêmes. A vrai dire, cela les laissait face à plein d’incertitudes qu’ils préféraient ne pas être tout seuls.

Alors lorsqu’un jour, je leur évoquais mon souhait de les emmener faire un trek en terre nordique, le projet pris forme. Au delà de l’aspect trek (qu’ils connaissent) et de l’immersion en nature sauvage (qu’ils connaissent peu), c’est aussi pour eux la découverte d’un territoire spectaculaire et particulier avec le soleil de minuit.

Le choix du trek, finalement une traversée de l’île d’Hinnøya par rapport à leurs possibilités physiques (courte distance, hébergement en refuge, possibilité de repli), l’équipement, le choix de l’itinéraire et du mode de déplacement a été compliqué à gérer. A 4 ce n’est pas la même chose que voyager en solitaire, sans tenir compte du coût de la vie exorbitant de la Norvège. Pour cette partie du voyage, j’ai organisé beaucoup de choses pour que les petites incertitudes à gérer n’aient moins de répercussions sur 4 personnes.

Mes parents ne sont plus tout jeunes, ma reconversion me prendra beaucoup de temps et je sais d’expérience que l’on ne sait pas ce que le futur nous réserve, alors je n’attend plus et en profite.

Et j’espère que ça va être un beau moment de partage fraternel.